Appel à manifester contre le World Economic Forum à Davos, le 25 janvier 2003
La Coordination d’Olten, un rassemblement de personnes de gauche, chrétiennes, autonomes, pacifistes, anarchistes, vertes, anti-impérialistes, féministes et communistes faisant partie de groupes de base, de partis, de syndicats et d’organisations non-gouvernementales les plus divers, appelle toutes les personnes solidaires à participer aux mouvements mondiaux de protestation contre le World Economic Forum. Nous appelons toutes les personnes à utiliser les débats autour du WEF 2002 comme une opportunité pour mener des activités internationales, interrégionales et locales. L’intérêt public permet une discussion large sur les alternatives à l’ordre économique en place, qui exclut la majorité des gens et qui détruit de plus en plus de vies. Cela permet de discuter des stratégies possibles pour éradiquer la violence raciste et sexiste.
De plus en plus de gens vivent la forme actuelle de la globalisation, c’est-à-dire une concentration de pouvoir dans les mains de quelques-uns, comme un processus de violence menaçant la vie et comme une marchandisation de tous les domaines de la vie. En Suisse aussi, la mauvaise humeur croît envers la logique néolibérale, l’enrichissement éhonté d’une poignée de gens, l’arrogance des banques et le bradage des biens publics à des investisseurs privés. Nous nous mobilisons contre le WEF parce que nous luttons au quotidien contre le capitalisme, le racisme, le patriarcat et toutes les formes de domination. Conscient-e-s que nous ne sommes pas à l’abri des contradictions dominantes, nous ne voulons pas accepter dans nos propres rapports des formes de domination ni de discrimination. Nos mobilisations reposent sur le respect des différentes formes d’actions et d’organisations.
Le WEF rassemble les mille acteurs phares d’une mondialisation destructrice. Lors de sa rencontre annuelle cette élite autoproclamée discute des dernières stratégies en matière d’exploitation des êtres humains et de la nature. Une telle rencontre, aussi élitaire qu’autoritaire, ne saurait avoir la moindre légitimité. C’est pourquoi nous ne voulons pas du WEF, ni en Suisse ni ailleurs.
Nous appelons toutes les œuvres d’entraide, les organisations de solidarité, les syndicats, les organisations féministes, les mouvements pour la défense de l’environnement et les groupes liés aux églises à refuser toute offre de dialogue avec les responsables du WEF ou de participation au forum du WEF. Un vrai dialogue n’est possible qu’entre partenaires égaux. De tels dialogues, dont le cadre n’est établi que par les "global leaders", est le prétexte qui sert à défendre leur globalisation. De tels dialogues ne servent qu’à légitimer publiquement la guerre qui se perpétue depuis longtemps contre une large part de la population mondiale.
L’organisation de la conférence annuelle du WEF à Davos s’accompagne d’une restriction accrue des droits démocratiques. Il n’en sera pas autrement en 2003: la fermeture des frontières est à nouveau à l’ordre du jour. Des listes noires de personnes à qui l’accès à Davos est interdit ont été établies. Durant le sommet annuel, Davos est transformée en une forteresse. Le Palais des Congrès et les hôtels attenants constituent une "zone rouge" . Nous appelons toutes les forces démocratiques à protéger les droits fondamentaux contre l’assaut des décideurs mondiaux et à s’opposer à la répression contre les mouvements sociaux.
Nous protestons contre un projet de société qui repose sur des massacres dus à l’exploitation économique, à la destruction de l’environnement et aux interventions militaires. La guerre sociale contre les pauvres et l’imposition des intérêts de l’élite globale par des moyens militaires vont de pair. La"guerre contre la terreur" , propagée par les Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001 contribue à accroître le contrôle sur les ressources naturelles au niveau mondial. L’agression planifiée contre l’Irak et ses ressources pétrolières en est un exemple récent. L’Alliance d’Olten se comprend comme partie prenante du mouvement anti-guerre mondial qui s’oppose à toute intervention en Irak, indépendamment du fait que l’ONU souscrive ou non à une telle agression.
Les transnationales organisées au sein du WEF sont co-responsables des conséquences des politiques néolibérales menées en Suisse. Avec des mots d’ordre tels que "capacités concurrentielles" , "économies" et "réduction des coûts", c’est le démantèlement du service public ou sa privatisation qui sont visés, notamment dans les domaines liés aux transports, à la santé, à l’éducation et à la culture. L’actuelle crise économique rend particulièrement visible la manière dont des milliers de salarié-e-s sont sacrifié-e-s sur l’autel du démantèlement social et de l’aggravation des conditions de travail, pour éponger les pertes des actionnaires et des marchés financiers.
Nous nous engageons pour un monde fondamentalement différent, et sommes conscient-e-s que les revendications formulées ci-dessous ne sont qu’un fil rouge ou un premier pas en direction d’un ordre social et économique dirigé vers la satisfaction des besoins des êtres humains plutôt que vers la maximalisation des profits. Ce qui est surtout nécessaire est une large discussion sur les formes alternatives d’organisation et du partage des richesses socialement produites, du travail, de l’accès aux ressources naturelles, de la propriété des moyens de production et de communication.
Aujourd’hui déjà nous nous engageons pour:
l’élargissement des droits sociaux et économiques pour toutes et tous en lieu et place du démantèlement social et des privatisations;
Il faut en particulier garantir pour toutes et tous un accès à la nourriture, à la formation et aux soins médicaux;
l’arrêt de toutes les interventions militaires et l’abolition du "droit d’ingérence" des pays industrialisés au nom de "valeurs civilisatrices" ou "d’intérêts nationaux" ;
le droit pour les populations de tout pays à l’autodétermination démocratique de base et au contrôle des ressources;
l’annulation de la dette des pays dits en voie de développement;
la liberté de déplacement et d’établissement pour tous les êtres humains, d’où qu’ils/elles viennent et quelles que soient leurs raisons.
Signataires: Coordination anti-OMC-Suisse; ATTAC-Suisse; DADAvos; Solidarité directe avec le Chiapas; les Verts-Suisse; Nouveau Parti du Travail-Bâle; Parti du Travail-Suisse; Alternative Socialiste/Solidarité-Bâle; Refondation Communiste-Suisse; Secrétariat Amérique Centrale-Zürich; les Casse-Rôles, collectif féministe à Lausanne; Espace Culturel-Reitschule (IiuR)-Berne; INWO-Suisse; Jeune Alternative, Berne; Jeunesses Socialistes; Commission œcuménique pour la Justice, la Paix et le maintien de la Création de la Communauté de Travail Chrétienne d’Appenzel/St Gall; Association Religieuse-Socialiste.
www.oltenerbuendnis.ch