Le 5 mai dernier, répondant à un appel à la grève générale, environ 50.000 personnes défilaient à Salonique. A Patras, 20.000 manifestants étaient rejoints par des tracteurs et des camions de ramassage des ordures. A Ioannina, ils étaient environ 10.000 dans la rue. L’incendie mortel de la Marfin Egnatia Bank, à Athènes, a occupé une large place dans les grands médias. Nous pensons utile de publier cet article paru le 5 mai sur Indymedia Athènes, pour équilibrer l’information sur ce sujet difficile.
Les trois personnes décédées seraient des employés de la banque Marfin Egnatia Bank. Cette banque est propriété du magnat grec Andreas Vgenopulos, surnommé le «nouvel Onassis», considéré comme un des hommes les plus riches du pays: propriétaire de Olympic Air et d’autres entreprises (Marfin Investment Group). On ne connaît pas encore les circonstances exactes de l’incendie. La porte d’entrée en bois aurait été touchée par un cocktail molotov et le feu se serait rapidement propagé dans les étages. D’après les témoins, les pompiers ont remarqué qu’il n’y avait pas d’extincteurs dans la banque et que la sortie de secours était fermée avec un cadenas! Alors que le pays était paralysé par la grève générale, que dans tout le quartier les magasins avaient leurs rideaux baissés, il semble que dans cette banque les employés avaient été contraints de travailler.
Le syndicat des employés de banque (OTOE) a appelé ce soir à une journée de grève pour demain jeudi. L’identité des 3 personnes décédées reste encore inconnue: on sait seulement qu’il s’agit de deux femmes et d’un homme.
Dans une lettre publiée ce soir mercredi sur le site Indymedia d’Athènes, un employé de la Marfin Egnatia Bank fait une déclaration, demandant qu’elle soit rendue publique.
«Je me sens dans l’obligation, envers mes collègues qui sont décédés si injustement, aujourd’hui de parler et dire quelques vérités objectives. J’envoie ce message à tous les médias. Toute personne qui possède encore une certaine conscience devra le publier. Les autres peuvent continuer à jouer le jeu du gouvernement.»
Dans cette lettre, l’employé déclare que «les pompiers n’ont jamais délivré la licence d’exploitation de l’immeuble», que «le bâtiment en question n’a pas de mécanismes de sécurité incendie» correspondant à sa taille (gicleurs au plafond, issues de secours, tuyaux d’incendie). «Il y a seulement quelques extincteurs portatifs qui, bien entendu, ne peuvent en rien aider à combattre un feu important dans un bâtiment construit avec des normes de sécurité depuis longtemps dépassées. La direction utilise également le coût élevé de ces exercices comme prétexte et n’a même pas pris les mesures les plus élémentaires pour protéger son personnel.»
Il souligne aussi qu’aucun membre du personnel n’a été formé au risque d’incendie, qu’il n’y a jamais eu d’exercice d’évacuation. «Les seules sessions de formation qui ont eu lieu à la Marfin Bank ont été sur des scénarios concernant l’action terroriste et en particulier la planification de l’évacuation des ‘grosses têtes’ de leurs bureaux dans une telle situation.»
Absence de local incendie, matériaux inflammables (papiers, plastiques, fils, mobilier). «Aucun membre de la sécurité n’avait la moindre connaissance sur les premiers secours à donner ou comment éteindre un feu.»
Par ailleurs, «la direction de la banque a formellement interdit aux salariés de s’absenter aujourd’hui, bien qu’ils l’aient demandé constamment eux-mêmes très tôt ce matin - tandis qu’elle a aussi forcé les salariés à verrouiller les portes et a confirmé à plusieurs reprises par téléphone que l’établissement restait fermé pendant la journée. ‘Ceux qui partent aujourd’hui, ne viennent pas au travail demain’, a été une menace constante. La direction leur a même fermé leur accès à Internet afin d’empêcher les salariés de communiquer avec le monde extérieur.»
La lettre dit aussi qu’au cours des derniers jours qui ont précédé la grève générale, la direction n’a cessé de terroriser les employés en utilisant oralement l’«offre» suivante: ou vous venez travailler, ou vous êtes virés.
«Enfin, messieurs, faites votre autocritique et cessez de faire semblant d’être choqués. Vous êtes responsables de ce qui s’est passé aujourd’hui, et dans n’importe quel Etat de droit (comme ceux que vous souhaitez utiliser de temps en temps comme les meilleurs exemples dans vos émissions de télévision) vous auriez déjà été arrêtés pour les actions ci-dessus. Mes collègues ont perdu la vie aujourd’hui par préméditation: la préméditation de la Marfin Bank et de M. Vgenopoulos en personne qui a explicitement déclaré que quiconque ne venait pas travailler aujourd’hui [le 5 mai, journée de grève générale!], n’avait pas à se déranger le lendemain [ils seraient renvoyés].» Signé: un employé de la Marfin Bank.
Sources: Athens Indymedia, UK Indymedia., Presse grecque (TaNea, Kathimerini), http://libcom.org/
Traductions OCL http://oclibertaire.free.fr/