Juan Goytisolo est né à Barcelone en 1931. L'un des écrivains espagnols les plus connus et admirés, il est en même temps l'un des auteurs les plus critiques.
Sous Franco, ses livres étaient interdits et il avait choisi de vivre en exil, à Paris et à Marrakech, dans ce pays qu'il a adopté, le Maroc. Il a écrit de nombreux ouvrages sur les traditions et racines arabes et juives qui ont façonné l'Espagne et s'est passionné pour la culture islamique.
En 1957, il a voyagé pour la première fois à Almeria et à El Ejido. Touché par cette terre oubliée et frappée par une misère profonde, il a publié deux récits de voyage: «Campo de Nijar» en 1960 et «La Chanca» en 1962*. Ces reportages, qui lui ont gagné une grande sympathie dans ces contrées négligées, donnent une forte image de la réalité dans la région avant la révolution horticole. 35 ans plus tard, il a été l'un des premiers Espagnols à lancer un cri d'alarme par rapport aux conséquences néfastes de la transformation en cours dans la région. Son article, «¡Quién te ha visto y quién te ve!» publié dans El Pais le 19.2.1998, lui a valu une réaction de rage d'une bonne partie de la population locale. La municipalité d'El Ejido l'a officiellement déclaré persona non grata (avec les voix du Parti Popular, du parti Socialiste et de la Gauche Unie). Depuis cette date et surtout après les émeutes racistes à El Ejido en février 2000, il s'est régulièrement insurgé contre l'injustice faite aux migrants.
Nicholas Bell - FCE
* «La Chanca» et «Terres de Nijar» , traduits par Robert Marrast, ont été publiés en 1964 dans le même livre par © Les éditions Gallimard