Au sud du Costa Rica, là où la chaîne des plus hautes sommets, la Cordillera de Talamanca, s’éleve jusqu’à 3800m et où une série de rivières cristallines se jette dans les deux océans, des entreprises privées ont déposé, ces deux dernières années, 24 demandes de concessions d’eau pour la production d’électricité. Les deux rivières, rio Convento et rio Sonador qui arrosent la Finca Sonador, projet coopératif et écologique de Longo maï, sont aussi mises en danger par ces plans.
Pendant ces deux ans, les paysans de la Finca Sonador et de villages avoisinants ont lutté contre ces projets qui menaçaient d’assécher ces précieuses rivières. Des activités multiples, marches de protestation dans la capitale San José et dans toute la région Sud, collecte de signatures et mesures juridiques du Comité «Rios Vivos», fondé par les villages concernés, ont permis de gagner la campagne. L’intervention du secrétariat de l’organisation pour l’eau (AyA) de l’Etat nous a beaucoup aidés. Ils ont argumenté que la situation pour garantir l’eau potable dans la région est déjà assez difficile et reste la priorité numéro un.
Plus de la moitié des projets hydroélectriques sont aujourd’hui archivés. Un quart des projets se trouve dans la phase de révision et un autre quart a à peine entamé le processus d’enregistrement.
Cette victoire de la résistance contre les projets imposés de l’extérieur a une longue tradition au Costa Rica. En 1971, tout le Costa Rica s’était mobilisé contre un projet gigantesque d’exploitation de la bauxite. Des manifestations massives dans tout le pays avaient eu lieu, toute la circulation dans les ports pour l’exportation et l’importation avait été paralysée.
La multinationale Alcoa avait laissé tomber le projet. La même année naissait l’idée d’un méga-barrage au Rio Grande de Terraba. Cette entreprise, qui menaçait d’inonder plusieurs villages indigènes (Terraba, Boruca et Rey Curre) avait été stoppée par une forte mobilisation des indigènes et d’autres habitant-e-s de la région. Le même projet a été représenté à plusieurs reprises avec d’autres variantes. Heureusement jusqu’à présent sans succès.
Bien qu’au Costa Rica le modèle néolibéral, extractiviste, est à l’offensive depuis déjà un bon moment, une résistance victorieuse avec les moyens légaux et une forte pression des populations concernées est encore possible. Sur une plaque de commémoration des évènements Alcoa sur le campus de l’université (UCR), les étudiants ont écrit: «Violer la loi de l’Empire signifie défendre les droits des peuples.»