Rabat

Des maisons refuges pour femmes en migration à Rabat (Maroc)


La politique migratoire européenne continue inlassablement son travail d'exclusion. Le rejet des réfugié.es, migrant.es, exilé.es s'intensifie et l'externalisation des frontières va bon train. Notamment les pays nord-africains, la Libye, la Tunisie, l'Algérie, et le Maroc sont les cibles de cette stratégie néo-coloniale. C'est bien la principale raison de l'augmentation de la mortalité, des réseaux de passeurs ainsi que de la violence subie sur les routes de l'exil par les hommes et les femmes qui cherchent à vivre mieux, ailleurs, là où une terre d'asile pourrait les accueillir. Dans ce contexte, les femmes restent les plus soumises à ces violences systémiques qui ne sont que l'expression exacerbée du monde patriarcal dans lequel nous vivons. Elles ont la double peine: celle de l'exil et celle des violences extrêmes, souvent sexuelles, liées à leur condition de vulnérabilité totale: viols, exploitation, traite humaine...

C'est pourquoi, depuis 2018, nous nous engageons au côté de l'ARCOM (Association des Réfugié.es et Communautés migrantes au Maroc) qui inlassablement, contre vents et marrées, tente d'entretenir et de développer un projet d'accueil et de refuge pour les femmes en migration à Rabat au Maroc.

Odette qui est engagée et travaille au sein de l'Arcom depuis quelques années, nous donne quelques détails de la situation actuelle : « Il y a vraiment beaucoup de demandes, ces derniers temps. Actuellement, ce sont majoritairement des Ivoiriennes qui viennent pour un soi-disant contrat qui leur a été promis. Mais sur le terrain, elles trouvent une toute autre réalité. On leur confisque leur passeport et elles sont exploitées et prostituées pour rembourser le billet.

Nous avons trois appartements, depuis avril 2023, dans lesquels nous avons accueilli 58 femmes dont l'âge varie de 19 à 36 ans et 41 enfants, toutes nationalités confondues. Huit femmes ont pu accoucher en sécurité, accompagnées par nos soins. Nous avons pu orienter 15 femmes vers des formations professionnelles et 18 autres vers l'OIM pour un retour volontaire. Six femmes ont eu un « acquis de droit » à travers le HCR. Depuis 2020, les foyers ont été financés par Médecins du Monde via L'association marocaine MS2. Leur existence est aujourd'hui mise en péril faute de renouvellement des subventions européennes qui ne seront réattribuées et distribuées qu'au mois de septembre prochain. »

Ils nous ont appelé à l'aide pour boucler leur budget du mois de février au mois de septembre 2024, en espérant être à nouveau retenus par la suite.

Nous nous engageons à leur côté ne pouvant accepter l'idée que ces foyers soient fermés et que les femmes et les enfants pouvant bénéficier de ce moment de repos, de remise en forme, de réflexion, de sécurité ne soit plus possible. Manger, dormir à l'abri des prédateurs, accoucher en sécurité et dans des conditions acceptables ne sont que quelques-uns des bienfaits de ces lieux irremplaçables dans un parcours d'exil.

MAROC : La politique du chiffre fait des ravages!

de FCE, 10 févr. 2020, publié à Archipel 289

Au Maroc, en 2019, 27.000 migrant·es ont été arrêté·es et en bonne partie déporté·es vers le sud du pays; c’est le chiffre qu’avance la DGSN (Direction Générale de la Sûreté Nationale) qui a certainement besoin de diffuser la «bonne» nouvelle aux responsables de l’Union Européenne (UE) financeurs de la politique d’externalisation des frontières européennes. Pour rappel, en 2013, suite à un...

Entre répression et autonomisation

de Alexander Behr, EBF, 18 janv. 2019

Les 1 et 2 décembre derniers, la première conférence de l'ARCOM a eu lieu dans la capitale marocaine Rabat. "L'Association des Refugi-é-s et Communautés Migrantes" est actuellement considérée comme le groupe probablement le plus dynamique et le plus fort du spectre des associations de migrants auto-organisées au Maroc. L’ARCOM a été fondée en 2005 par un groupe de réfugiés de la République...