ANDALOUSIE: Des saisonnier.es expulsé.es de leur bidonville

de Joanna Moreno, SOC/SAT Almeria, 14 janv. 2023, publié à Archipel 321

Le 25 novembre dernier, environ 300 personnes, soit la majorité des résident·es d’un des bidonvilles de la zone de Nijar (Almeria), ma-nifestaient au cours d’une marche de 17km pour dénoncer leur inquiétude face à l’abandon et au laxisme des pouvoirs publics quant à leur sort. La mobilisation, organisée par le syndicat SAT Almeria, s’est décidée suite à l’annonce de la mairie de la destruction d’un des plus importants bidonvilles de la localité, Walili, sans offre concrète de relogement, un ordre de quitter les lieux ayant notamment été remis aux habitant·es.

Rythmée par les slogans: «Pas d’expulsion sans alternative!», «Madame la Maire donnez-nous une solution!», «Pour des logements dignes à des prix accessibles!», «Patrons, nous voulons des solutions!», le cortège qui s’est rassemblé devant la mairie de Nijar, gouvernée par la socialiste Esperanza Pérez Felices, n’a pas été reçu par l’édile.

La localité de Nijar, centre névralgique de la production bio à Almeria, concentre à elle seule environ 82 bidonvilles, la plupart situés à proximité des exploitations agricoles, ces dernières étant constamment à la recherche de main-d’oeuvre bon marché pour récolter tomates, poivrons et aubergines poussant sous serre. Parmi les résident·es, des hommes d’origines marocaines et d’Afrique subsaharienne, mais aussi quelques femmes, tou·tes à la recherche de travail ou/et en attente de régulariser leur situation.

Quelques jours plus tard et à la demande expresse du syndicat, l’édile recevait, dans un pavillon municipal, José Garcia Cuevas, le porte-parole du SAT Almeria, accompagné d’une dizaine d’occupant·es. Face à leur préoccupation, Esperanza Pérez Felices a déclaré «qu’une solution d’hébergement allait être prochainement communiquée aux résident·es». Selon le syndicat, il s’agirait de deux hangars, d’une capacité totale de 60 habitations, chaque habitation de 30 m2, serait en mesure d’accueillir deux personnes. L’édile a notamment ajouté «les futurs résident·es seront tenu·es de prouver qu’iels travaillent et de nous communiquer le nom de leur employeur» et de souligner que «ces hangars n’accepteront pas des personnes en situation irrégulière».

«Une solution de relogement ubuesque!» a déclaré le porte-parole du syndicat, en effet «la majorité des personnes qui vivent dans ces endroits sont des sans-papiers». Par ailleurs et toujours selon le porte-parole, «la solution d’hébergement n’est valable que pour 120 personnes au total, le bidonville de Walili en compte environ 500!».

Face à une solution en demi-mesure, José Garcia a proposé aux résident·es d’organiser rapidement une journée destinée à remplir les formulaires de demande de place d’hébergement. Une prochaine mobilisation destinée à réclamer «une solution réelle et viable pour les habitant·es des bidonvilles de toute la localité de Nijar» est en pourparlers.

L’ordre d’expulsion n’est pas le seul fléau auquel sont confronté·es les habitant·es de Walili, ce dernier fait en effet partie des bidon-villes qui auront le plus souffert d’incendies au cours des années 2020 et 2021, tout comme le bidonville Paula ou encore Atochares, situés dans la même localité.

Affaire à suivre.

Joanna Moreno SOC/SAT Almeria Décembre 2022