Des organisations et militant·es de défense des droits humains demandent la libération de Maksym Butkevych[1], un prisonnier de guerre ukrainien illégalement condamné par les occupants russes.
Le 10 mars 2023, le Comité d’enquêtes de la Fédération de Russie a annoncé la condamnation du défenseur des droits humains et soldat ukrainien Maksym Butkevych, capturé par les Russes l’été dernier lors des combats dans la région de Louhansk, à 13 ans de prison pour des faits en-tièrement fabriqués. Avec lui, deux autres prisonniers ukrainiens ont également été condamnés – Viktor Pokhozey et Vladyslav Shel – respectivement à 8,5 et 18,5 ans.
Maksym Butkevych est un défenseur des droits humains et journaliste ukrainien, cofondateur du projet Bez Kordoniv (sans frontières), dont l’objectif est d’aider les demandeur/euses d’asile et les immigré·es en Ukraine et à lutter contre les discours de haine. Il est également cofondateur du Centre des droits humains Zmina, de la radio publique Hromadske, et a travaillé comme journa-liste pour un certain nombre de médias ukrainiens et internationaux. Il a rejoint les rangs des Forces armées ukrainiennes en mars 2022 et a été capturé en juin dans les districts temporaire-ment occupés de Zoloty et Girsky (région de Louhansk).
Selon le Comité d’enquête de la Fédération de Russie, la soi-disant «Cour suprême de la RPL» (République populaire de Louhansk) a déclaré Maksym Butkevych coupable de traitement brutal présumé de la population civile, d’usage de méthodes interdites dans un conflit armé, de tentative de meurtre au moyen d’une menace générale, ainsi que de dommages intentionnels à la propriété d’autrui: il aurait tiré le 4 juin 2022 un lance-grenades à l’entrée d’un immeuble résidentiel à Severodonetsk, dans la région de Louhansk. Aucune preuve n’est actuellement apportée dans cette affaire clairement fabriquée, hormis une «confession» du captif, mise en scène et filmée. Par ailleurs, selon nos informations, l’unité Berlingo, à laquelle appartient Maksym Butkevych, n’a pas été déployée ni n’a participé aux hostilités sur le territoire de Severodonetsk.
Il faut noter qu’avant aujourd’hui, aucune information n’avait été donnée sur les accusations portées contre le prisonnier de guerre Maksym Butkevych, ce qui n’a pas permis d’engager un avocat ni d’avoir accès à un procès équitable.
La Russie s’opposant à l’admission d’observateur/trices indépendant·es dans les lieux de détention qu’elle a créés dans les territoires occupés, aucun contrôle effectif de ses conditions de dé-tention ni précisions sur la manière dont il était traité n’ont pu être obtenus, notamment par les organisations internationales. Dans le même temps, un certain nombre de médias de propagande russes ont publié des informations manifestement fausses sur Maksym Butkevych, attribuant au défenseur des droits humains des déclarations qu’il n’a jamais faites et des opinions opposées à celles qu’il a affirmées.
Tout ceci témoigne de la fabrication délibérée de l’affaire par les Russes, probablement pour donner aux forces de l’armée ukrainienne l’image de criminels de guerre.
Nous condamnons le recours par la Russie à l’utilisation des prisonniers de guerre à des fins de propagande, nous exigeons qu’il soit mis fin aux poursuites illégales contre Maksym Butkevych et qu’il puisse être échangé, ainsi que d’autres prisonniers de guerre ukrainiens.
Nous exigeons que la Fédération de Russie autorise des observateurs internationaux à rendre visite aux prisonniers de guerre et aux otages civil·es pour surveiller les conditions de leur détention et prévenir leurs mauvais traitements et autres violations de leurs droits.
Nous appelons le président de l’Ukraine, le ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine, le commissaire aux droits humains de la Verkhovna Rada de l’Ukraine à continuer d’exercer des pressions sur la Fédération de Russie pour la libération immédiate de tous les citoyen·nes illéga-lement emprisonné·es par le régime d’occupation sous phrases fabriquées.
Nous appelons la communauté internationale à accroître la pression des sanctions contre la Russie pour sa violation du droit international humanitaire et du droit des droits humains.[2]
- Voir Archipel no317, septembre 2022 : Liberté pour Maksym Butkevych.
- Une pétition peut être téléchargée et signée à l’adresse suivante: <www.forumcivique.org>. Responsable de la campagne: Sasha Feinberg, nazaro-va(at)noborders.org.ua, +380972386386 signal.