ZONES À DÉFENDRE: Plus de patates, moins de béton

de Des habitant.es de la ZAP, 15 févr. 2022, publié à Archipel 311

Quatre maisons occupées contre le projet d’extension de la Zone d’Activité de Pertuis! A quelques kilomètres au nord d’Aix-en-Provence, dans un Lubéron marqué par des écarts de richesse extrême, au milieu de la plaine de la Durance où les PDG de grandes industries ont établi leurs prés carrés, détruisant peu à peu le cadre de vie local à cause, notamment, du prix vertigineux de l’immobilier, la commune de Pertuis a planifié d’agrandir sa zone d’activité économique de 86 hectares.

Celle-ci compte s’établir en lieu et place de terres agricoles très fertiles, nivelées et irriguées par un complexe mais très efficace système gravitaire et dont 90% sont cultivées actuellement. Le maire Roger Pellenc, sorte d’homme d’affaire aux manettes de la ville est l’instigateur de ce projet mortifère. En effet, il entend bien agrandir son activité industrielle en s’octroyant 30 hectares de la future zone.

Différents collectifs se sont unis pour y faire face et les derniers mois ont été jalonnés de mobilisations sur les terres menacées. Une parcelle a été mise en culture avec une plantation de patates. Plus de 500 personnes sont venues pour la plantation et pour préparer la suite de la lutte lors de cinq grands rassemblements d’entretien de la culture. Les terres de Pertuis ont accueilli des collectifs en lutte venus du Briançonnais, du Var, de Marseille et même les Zapatistes du Chiapas lors de la dernière manifestation. Récoltée au mois d’août, la production est partie alimenter les réseaux de soutien alimentaires de Marseille à Briançon. Cette culture a montré l’intérêt de préserver ces terres précieuses et a permis d’expérimenter, le temps de quelques jour-nées, une agriculture plus désirable, collective, populaire et partageable. Ces actions s’inscrivent surtout dans une stratégie d’occupations festives qui ont ancré la lutte dans un territoire et permis à des personnes de se rencontrer et donner corps à cette mobilisation.

La première saison de culture s’est achevée en août. Nous nous sommes tou·tes retrouvé·es samedi 27 novembre pour lancer une nouvelle plantation de fèves et de blé sur des parcelles voisines. Cependant, ces derniers mois nous ont montré à quel point nous avions besoin d’habiter ce territoire d’une manière beaucoup plus pérenne. Aussi, il a été décidé d’occuper une, puis 4 des maisons promises à la démolition. Cette occupation nous permettra de nous enraciner sur ces terres, de nous consolider et de créer un rapport de force face aux autorités qui souhaitent béton-ner ce territoire. En effet, il était temps de faire comprendre au maire et aux aménageurs que ces terres ne seront jamais à eux. Ce projet d’aménagement inutile est une violence de plus infligée au vivant. Il nous est insupportable de voir que malgré l’urgence que nous avons à protéger notre environnement, qu’il soit direct ou global, malgré la détresse sociale qui nous entoure tou·tes, les gouvernant·es sont incapables de sortir d’un modèle capitaliste de destruction, de surproduction et de croissance infinie. En combattant ce projet, c’est aussi ce monde sinistre que nous voulons détruire.

C’est pour cela que nous souhaitons que ce nouveau lieu soit une bulle d’expérimentation, qui nous permette aussi bien de nourrir la lutte que d’imaginer comment nous pourrions vivre nos territoires en dehors des logiques capitalistes. Cette maison sera un lieu où nous pourrons expé-rimenter l’autonomie mais aussi permettre le lien entre les habitant·es de la plaine de la Durance et d’ailleurs. Elle sera une porte de sortie de cette société atomisée, où chacun·e se croise sans se rencontrer. Ce lien retrouvé nous permettra de poser les bases d’une nouvelle organisation collective et sera l’occasion pour chacun·e de se réapproprier l’action politique. C’est pourquoi, si cette maison sera un lieu d’habitat, elle sera aussi un lieu ouvert à toutes les luttes présentes sur le territoire sans distinction d’origine, de genre, de classe et de pass.

Jeudi 6 janvier 2022 a eu lieu le procès de la ZAP de Pertuis, un procès gagné puisque le tribunal a accordé la trêve hivernale, en dépit de la requête de la partie adverse de procéder à une expulsion immédiate. A partir d’aujourd’hui, et dans l’attente d’une expulsion attendue à la fin du printemps, nous appelons toutes les personnes qui refusent de laisser enduire de béton des terres produisant de si belles patates, à rester vigilantes et prêtes à défendre la ZAP en cas de tentative d’expulsion, pour une plaine de Pertuis vivante et solidaire!

Des habitant·es de la ZAP

  • Infos et contacts:

La ZAP (Zone à patates) 513 rue du Gourre d’Aure F-84120 Pertuis lazapdepertuis(chez)riseup(point)net https://zappertuis.noblogs.org/ https://fr.squat.net

Ainsi que 3 emissions de Radio Zinzine A Pertuis on a la patate (9 avril 2021, 39’31) http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=5726 Vive la zap de Pertuis (29 novembre 2021, 29’50) http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=6512 Défendons la zap de Pertuis (12 décembre 2021, 61’24) http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=6548