Au mois de décembre 2012, une soixantaine de réfugiés, en majorité des Pakistanais, avait occupé une église prestigieuse (la Votivkirche) au centre du Vienne. (Voir Archipel 212 et 214.)
Pour attirer l’attention du public sur leur situation désespérée, ils ont aussitôt entamé une grève de la faim. Les lois européennes n’obligent aucunement les autorités autrichiennes à accorder l’asile à ces réfugiés et une décision en leur faveur ne pourrait être que politique.
Jamais auparavant des réfugiés en Autriche n’avaient mené une action d’une telle ampleur. Aussi ont-ils reçu un soutien massif de la population, de personnalités de tout bord et des médias, y compris de journaux qui, habituellement, sont connus pour encourager la xénophobie. Après avoir obtenu la promesse des autorités que chacun de leurs dossiers serait réexaminé, les réfugiés ont mis un terme à leur grève de la faim. Au mois de mars, ils ont accepté de quitter l’église pour être relogé dans un monastère vacant. Puis des mois d’attente ont suivi.
Fin juillet, les événements s’accélèrent. Une vingtaine de réfugiés activistes reçoivent notification de se présenter à la police quotidiennement – ce qu’ils font. Lors d’une des premières visites, huit d’entre eux sont arrêtés puis expulsés vers le Pakistan quasi immédiatement. Les avocats n’ont pas le temps de réagir, les manifestations de protestation rencontrent une réaction musclée et dans les médias, la ministre de l’Intérieur riposte: «Au Pakistan, certaines régions ne sont pas dangereuses et des réfugiés peuvent y être renvoyés sans problème.» Entretemps, des journalistes ont pu vérifier que plusieurs parmi eux ont été expulsés vers des régions classées «très dangereuses» par le gouvernement autrichien lui-même.
Au même moment, trois autres réfugiés activistes sont arrêtés comme passeurs présumés. La ministre de l’Intérieur prend à nouveau la parole pour dire qu’ils avaient gagné entre 3 et 10 millions d’euros avec ces activités et qu’ils avaient lâché des femmes enceintes dans la nature après paiement. Cette fois-ci, c’est le procureur qui doit démentir: ces hommes ont peut-être aidé des compatriotes, mais probablement sans être payés et pas une seule femme enceinte n’a été «lâchée dans la nature».
Les autorités semblent répandre des ragots et mentir au public en connaissance de cause. Les réfugiés sont expulsés et/ou criminalisés pour avoir osé s’engager publiquement et pour avoir gagné un si large soutien. Etant donné que les élections auront lieu en automne, le parti de droite OVP, auquel appartient la ministre de l’Intérieur, tente de diviser le mouvement de solidarité et de gagner les voix de la droite xénophobe. La situation de la quarantaine de réfugiés activistes qui logent toujours dans le monastère à Vienne est plus incertaine que jamais. Si vous avez la possibilité de les soutenir, prenez, s.v.p., contact avec le FCE.