Discours d'ouverture de l’Assemblée pour une agriculture solidaire, qui s'est tenue les 7 et 8 février 2020 à Berne sous le titre: Résistance au plat du jour, à laquelle ont participé plus de 200 personnes. Chère assemblée Nous sommes très content·es de nous retrouver ici aujourd’hui pour un si grand rassemblement, afin de faire ensemble une Assise au plat du jour, et de nous engager pour une agriculture solidaire. Une chaleureuse bienvenue de notre part! Les personnes présentes ici sont non seulement très nombreuses, mais aussi très diverses, et cela fait de notre Assise aujourd’hui un moment particulièrement fort et captivant. Il y a ici des personnes qui travaillent dans l’agriculture – en tant que paysan·nes et travailleur·euses agricoles – ou qui se préoccupent d’une manière ou d’une autre du système alimentaire dans leur quotidien professionnel. Il y a des gens pour qui l’agriculture n’est pas la profession, et qui font du volontariat par exemple dans des projets d’agriculture contractuelle de proximité ou dans des coopératives d’alimentation. Il y a également des activistes de divers mouvements – de la jeunesse pour le climat, des mouvements féministes, des mouvements qui s’engagent pour les droits des migrant·es. Et peut-être y a-t-il aussi des personnes pour qui le sujet est plutôt nouveau, et qui sont simplement curieuses. Il y a des gens qui parlent allemand, d’autres français, espagnol, italien ou roumain, des personnes qui vivent en Suisse, d’autres qui sont venues de loin, et toutes n’ont pas la même nationalité ou le même droit de séjour. En conséquence, nous apportons tous et toutes des préoccupations, savoirs et questionnements spécifiques, et chaque personne a sa propre vision sur comment nous pouvons parvenir à un tournant socio-écologique dans l’agriculture, et dans notre société plus largement. Cette diversité est importante. Le but d’aujourd’hui n’est pas de trouver «la solution correcte». Nous souhaitons plutôt discuter ensemble des perspectives et points de vue variés sur les problèmes qui traversent le monde de l’agriculture. Et nous souhaitons échanger ensemble sur comment parvenir à plus de justice dans l’ensemble du système alimentaire. Nous avons alors aujourd’hui la chance de voir plus loin que le bout de notre nez, de faire la connaissance d’autres réalités et des interventions concrètes des groupes engagés, et de nous mettre en réseau. Evidemment il y a beaucoup d’aspects fortement problématiques dans le système d’alimentation actuel. Le focus d’aujourd’hui porte sur les conditions de vie et de travail injustes et écrasantes qui sont largement partagées dans l’agriculture suisse. L’exploitation «sociale» est étroitement liée à l’exploitation de la nature, et dans certaines contributions et ateliers, cet aspect sera thématisé. Grâce à notre diversité, nous pouvons tous et toutes apporter notre savoir spécifique et apprendre les un·es des autres. Ce débat sur les problèmes existant est importante, mais elle peut aussi avoir un effet paralysant – que puis-je faire en tant que personne individuelle, qu’apporte mon engagement individuel, face à un système hautement problématique qui est soutenu par ceux et celles qui détiennent le pouvoir économique et politique, précisément parce qu’illes profitent de ce système? Cela nous redonne sûrement courage lorsque nous voyons le grand spectre des projets et approches existantes qui concourent à un tournant socio-écologique, sur lesquelles chacun·e travaille, changeant ainsi un rouage dans le grand système de l’agriculture. Nous n’allons pas pouvoir résoudre tous les problèmes d’un coup. Mais nous espérons que cette journée sera riche de partage, d’inspirations et qu’elle nous permettra de planifier les prochains pas concrets. Afin que dans le futur, nous puissions regarder en arrière, jeter un œil sur cette journée et penser qu’elle a été un pas important sur le chemin vers un tournant socio-écologique dans l’agriculture et au-delà.