"Si on le pratique comme il faut, le féminisme est en fait une baguette magique qui pourrait changer la vie de chacun·e. Mais cela ne peut arriver que si nous parvenons à reconstruire encore et encore notre théorie féministe en agissant avec les autres mouvements sociaux" (bell hooks).
Nous accueillons le printemps en pleine effervescence. Malgré la tristesse d’une planète transformée en un laboratoire cruel de la marchandise, qui souffre de la centralisation des richesses, du déchaînement de l'exploitation, de la marchandisation du vivant.
Dans ce monde militarisé, les luttes féministes actuelles constituent un espoir. En créant des espaces autonomes, des réseaux incontrôlables, elles arrivent à explorer une large diversité de possibles, avec des nouvelles convergences dans les mobilisations multiformes. L'interaction de différents espaces et expé-riences entraînent la multiplication des groupes, des stratégies, des alliances et des débats bien sûr. Nous avons plus d'outils, plus d'expériences, plus de pistes de réflexion et de luttes. Les féministes argentines mondialisent la grève féministe, les femmes kurdes œuvrent pour une nouvelle vie autonome sous les bombes, les femmes zapatistes préparent leurs bateaux pour emmener leur feu en Europe. Et nous, fémi-nistes habitantes de l'Europe, préparons la grande action féministe transnationale à Nice, ce 5 juin, pour affirmer ensemble l'expression féministe sur les politiques européennes de fermeture des frontières.* Puisque les politiques sont organisées à l'échelle européenne, notre action est à cette échelle.
Oui à Nice. Oui bientôt. Oui une grande action féministe transnationale. Oui, contre les frontières! Nous, femmes de toutes les conditions sociales et de tous les âges, quels que soient nos provenances, nos mondes… nous élevons nos voix pour dire "Non! Vous ne nous représentez pas… Nous ne voulons plus de vos murailles qui nous entourent!" Parce que les frontières politiques sont une construction virile et mili-tariste, issue des guerres, des morts.
Le 5 juin, nous expliquerons, en plusieurs langues, comment ces poli-tiques de criminalisation de migration, en renforçant l'arsenal répressif, ne font que développer les économies mafieuses dans lesquelles s'articulent toutes formes de violences faites aux exilé·es, particulièrement aux femmes et à toutes personnes non conformes à l'ordre patriarcal. Nous rendrons visible ce qui ne l'est pas. Avec des dizaines de milliers des féministes de partout en Europe, nous ferons voler des milliers de cerfs-volants vers les frontières: pour la liberté de circulation, pour une Europe sans muraille, pour un ac-cueil digne et la reconnaissance des motifs d'asile spécifiques aux femmes, aux lesbiennes, à toutes per-sonnes non conformes à l'ordre patriarcal. Nous allons chanter, danser, exprimer.
Préparez cette belle action du 5 juin avec nous. Faites partie de cette incroyable expérience. Faites partie de la vie qui résiste.
Pinar Selek, sociologue, autrice et militante antimilitariste féministe
- <toutesauxfrontieresfr.wordpress.com>