Chères lectrices, chers lecteurs,
Tout d’abord, un grand merci pour votre soutien au cours de ces dernières semaines. Aux côtés des villageois·es, les membres du FCE-Ukraine en Transcarpatie, la partie occidentale de l’Ukraine qui, au moment où j’écris ces lignes, n’a pas encore été attaquée, sont à pied d’œuvre jour et nuit. Iels sortent les gens de la zone dangereuse et leur offrent protection, nourriture, médicaments et soutien psychologique. Iels organisent la poursuite du voyage à l’étranger pour celles et ceux qui le souhaitent ou qui en ont besoin pour des raisons de santé. Chaque minute compte, personne ne sait comment les choses vont évoluer. Il s’agit avant tout de sauver des vies.
Je reviens tout juste de notre réunion du Forum Civique Européen, qui s’est tenue cette fois dans le sud-est de l’Autriche. Nos réflexions et discussions ont été marquées d’une part par la situation actuelle en Ukraine et les témoignages de celles et ceux qui sont venu·es de là-bas pour la rencontre, et d’autre part, par la participation de quatre jeunes femmes, actives depuis quelques années sur la route des Balkans avec les réfugié·es. La situation à la frontière entre la Bosnie et la Croatie reste très problématique et brutale. Nos amies de quatre organisations différentes (voir encadré page suivante) s’occupent de l’aide matérielle, juridique, médicale et logistique. Nous prévoyons notamment d’organiser une rencontre entre les juristes qui s’engagent pour les réfu-gié·es dans différents pays. Car tant que l’agence Frontex sera étendue, financée et armée par tous les pays de l’Union européenne ainsi que par la Suisse, tant que la politique générale de nos gou-vernements sera de défendre la forteresse Europe, il y aura encore beaucoup à faire aux frontières extérieures.
Mais la vague actuelle d’humanité, l’immense volonté d’aider les Ukrainien·nes qui se manifeste aujourd’hui, montre que l’accueil est possible, et que même dans des pays tels que la Pologne et la Hongrie, il y a de la place, des moyens et beaucoup de personnes solidaires. Ne serait-il pas possible d’élargir cet engagement à toutes les autres personnes qui fuient la dictature, la terreur et la faim? Ou bien le nouvel argument sera-t-il: «Maintenant, à plus forte raison, nous n’avons plus de place»?
En tout cas, nous continuerons à nous engager contre la discrimination et l’expulsion des «mauvais·es» migrant·es dont on ne veut pas. Au moment où j’écris, je suis dans le train de Vienne à Zurich. La plupart des gens dans ce train sont des Ukrainien·nes et ont plusieurs jours de fuite derrière eux. Le train est bondé, les vacancier·es essaient de caser leurs skis et autres bagages; les gens qui viennent d’Ukraine ont peu de bagages et sont épuisés. Ce sont deux mondes qui se rencontrent et se parlent. Des enfants qui dorment, beaucoup de jeunes, des petits chiens sur les genoux de leurs maîtres·ses. Les réfugié·es se rendent en Allemagne ou en Suisse, racontent à leurs voisin·es leur fuite et les terribles événements qui se sont déroulés dans leur pays. Certain·es ont des connaissances ou de la famille ici, d’autres ne savent pas encore où iels seront logé·es. Pendant le voyage, des personnes proposent un hébergement.
Les voix venues de Russie qui, au péril de leur sécurité, s’opposent avec véhémence à cette guerre d’agression constituent également un espoir; il y a des hommes qui refusent de prendre les armes – eux aussi ont besoin de notre soutien! Dans tous les cas, nous pouvons faire quelque chose.
Constanze Warta, rédadctrice Archipel