Dans le programme préparatoire des rencontres, nous avions évoqué, pour ce qui concerne ce thème, l'évolution des lieux de décision et des pratiques du pouvoir politique, les actions et discours guerriers comme palliatifs au vide politique et la mise au pas des personnes par le renforcement du contrôle social et de la répression. Voici quelques reflexions que ce thème a suscitées.
La militarisation des sociétés et la répression qui s’exercent à l’intérieur des Etats s’observent partout à des degrés divers, les droits démocratiques se réduisent considérablement: instauration de l’état d’urgence, disparition progressive du pouvoir judiciaire au profit du pouvoir exécutif, harcèlement administratif, assignation à résidence, interdiction préventive de manifester, perquisition, contrôle de la presse, contrôle social à travers les technologies de fichage, durcissement du droit pénal, création d’organes paramilitaires, sous-traitance par l’armée de milices privées pour assurer les fonctions régaliennes de l’Etat, présence militaire dans les rues à laquelle la population s’accoutume, des technologies toujours plus performantes sur lesquelles s’appuie l’Etat et enfin une propagande médiatique qui précède et accompagne les guerres intérieures et extérieures.
Il n’existe pas de définition officielle du terrorisme et ce flou est sciemment entretenu par les gouvernements. Hier il s’agissait du communisme, aujourd’hui il s’agit du djihadisme... La rhétorique de la terreur est utilisée pour désigner un ennemi intérieur, justifier la guerre et faire taire les voix dissidentes.
Le titre de la commission, «Fuite en avant sécuritaire», a été remis en question pendant les discussions. Il ne s’agit pas à nos yeux d’une fuite mais bien d’une offensive vers une militarisation de la société. Le boom des exportations d’armes et les nouvelles technologies de surveillance nourrissent les profits, le capitalisme se sauve encore une fois grâce à la crise.
Le temps nous a manqué pour nous élever au-dessus de nos situations particulières et réfléchir à des stratégies communes.
Ce que nous retenons est qu’il est aujourd’hui nécessaire de s’informer sur le fonctionnement des technologies que nous utilisons: téléphone portable, réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, mails, carte bancaire, GPS... se laissent merveilleusement surveiller et contrôler. Comment pouvons-nous prendre des précautions individuelles et collectives?
Il est nécessaire également de se tenir informé de l’évolution du droit pénal pour savoir comment se protéger, lutter contre la propagande d’Etat en développant des médias libres et en soutenant ceux déjà existants, et enfin de penser au fait que certaines infrastructures du système de surveillance ne sont pas infaillibles, ce ne sont que des câbles et des disques durs.