Face à la répression, à la guerre et au régime autoritaire qui s’installent en Turquie, les organisations signataires appellent la population à nous rejoindre le 25 mars 2017 à Berne afin de montrer notre solidarité avec les persécuté-e-s et prisonnier-e-s et avec les mouvements sociaux et politiques qui luttent aujourd’hui dans des conditions extrêmement difficiles en Turquie. Le Forum Civique Européen appelle à soutenir ce rassemblement.
La guerre et la violence règnent à nouveau, en particulier dans la région kurde. Après le succès électoral du HDP1 et la fin des négociations de paix durant l’été 2015, le gouvernement turc a déclenché une guerre brutale pour rester au pouvoir. Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, le président Erdogan et ses alliés politiques tentent d’éliminer tout ce qui peut les empêcher d’instaurer un système autoritaire.
Nous condamnons la répression et l’instauration de la dictature en Turquie, la destruction de l’état de droit et la guerre dans la région kurde.
Nous exigeons:
- La protection des forces démocratiques ainsi que des institutions démocratiques
Depuis la tentative de coup d’Etat en été 2016, le gouvernement autoritaire AKP2 détruit les symboles et les institutions de la démocratie. Des politicien-ne-s élu-e-s sont en prison. Par décret, le président assure et élargit son pouvoir en réduisant à peau de chagrin les fonctions et le rôle du parlement. Penser différemment et l’exprimer est devenu un crime!
- La liberté pour tous et toutes les prisonnier-e-s politiques!
Après le coup d’Etat, des milliers de personnes ont été arrêtées: journalistes, enseignant-e-s, membres des forces armées et de la justice. Des milliers d’employé-e-s d’Etat ont été licencié-e-s ou suspendu-e-s de leur poste. Presque tous les médias critiques, journaux, radios et télévision, ont été fermés, les organisations de la société civile interdites. Des dizaines de maires ont été destitués ou arrêtés. L’incarcération des co-maires d’Amed (Diyarbakir) et l’arrestation de deux co-responsables du HDP n’ont été que la partie visible de l’iceberg de la répression politique qui s’est abattue sur les oppositions durant ces derniers mois.
- La solidarité avec les femmes et les activistes LGBTIQ3
L’AKP mène également un combat sans trêve et violent contre les femmes et les personnes LGBT, pour preuve la normalisation du viol et des attaques allant parfois jusqu’au meurtre contre les personnes LGBT. Les manifestations organisées pour le 8 mars et la Gay Pride ont été interdites. Seules les luttes menées sur le terrain par des femmes et des personnes LGBT ont empêché, pour l’instant, l’introduction du mariage d’enfant. (...) Ils et elles sont souvent victimes de violences sexuelles derrière les murs de la prison.
- La paix au Kurdistan
Alors que les médias d’ici parlent surtout des arrestations et des licenciements dans la partie ouest de la Turquie, une guerre se poursuit contre la région kurde au sud-est du pays. Des centaines de personnes ont été tuées par l’armée turque. Après l’assaut de l’armée turque en Syrie fin août 2016, la présence militaire dans la région frontalière est encore plus marquée. Les habitant-e-s de cette région sont désormais considéré-e-s comme des terroristes potentiel-le-s. La Turquie pourrait en profiter pour avancer dans la région kurde, au nord de la Syrie (Rojava). Nous exigeons la reprise des négociations de paix.
La Suisse et l’Europe doivent enfin agir
Nous devons stopper le développement du régime autoritaire, nationaliste, raciste et sexiste en Turquie.
Nous exigeons que le Conseil Fédéral, le Conseil de l’Europe, l’OSCE, les Nations-Unies prennent des mesures concrètes pour faire libérer les prisonnier-e-s politiques, reprendre les négociations de paix et garantir l’état de droit ainsi que les droits fondamentaux de la démocratie en Turquie. L’autonomie de la région kurde au sud-est de la Turquie doit être enfin garantie.
Nous exigeons que l’ONU instaure une commission indépendante et juge Recep Tayyip Erdogan pour ses crimes contre l’humanité et les droits humains.
Nous exigeons l’arrêt immédiat de l’accord avec l’Union européenne sur les migrant-e-s. Il semble que ce deal et les intérêts économiques et géostratégiques soient considérés comme plus importants que les droits humains et la démocratie. La Turquie n’est plus un Etat tiers sûr, et il ne devrait plus y avoir de renvois vers ce pays.
Nous demandons à la Turquie qu’elle respecte ses obligations internationales et que le CICR4 soit admis ainsi que le Comité contre la Torture du Conseil de l’Europe pour visiter les prisonnier-e-s politiques et garantir leur protection et le respect de l’interdiction de la torture.
Nous exigeons l’arrêt immédiat de l’exportation de matériel militaire en Turquie et du soutien à l’industrie d’armement turque.
Liberté, négociation de paix, état de droit et démocratie –maintenant!
Organisateurs:
Medico International Schweiz, Solifonds, SP Schweiz, les Verts Suisse, SolidaritéS Suisse, DemKurd, Beritan Frauenverein, Brückenschlag «Zürich <–> Amed/Diyarbakir»
- Parti démocratique des peuples, situé politiquement à gauche et issu du mouvement politique kurde. Attaché à l’écologie politique, il défend par ailleurs les droits des Kurdes, des femmes et des LGBT.
- Parti de la justice et du développement ou AKP, parti de centre droit, au pouvoir en Turquie depuis 2002.
- Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Intersexes et en Questionnement
- Comité International de la Croix-Rouge