TRIBUNE René Riesel: un dissident libertaire

de Thomas Feixa, 10 juin 2004, publié à Archipel 114

Constatant la qualité et la pertinence de cet article, initialement rédigé pour le mensuel «Le Monde Diplomatique» qui en avait publié un résumé en novembre 2003, nous avons décidé, avec l’accord de son auteur, de vous en proposer la version intégrale.

Il s’agit également de permettre aux lecteurs de percevoir plus clairement les prises de positions défendues par René Riesel qui, au moment où nous bouclons ce numéro, est toujours en détention à la Maison d’arrêts de Mende (Lozère) et ce depuis le 1er décembre 2003.

René Riesel est écrivain et éleveur de brebis sur le Causse Méjean en Lozère, ancien «Enragé» de Nanterre puis du premier comité d’occupation de la Sorbonne, ancien secrétaire national de la Confédération Paysanne qu’il a quittée en 1999 pour des raisons politiques. Jugé pour les mêmes «délits» que José Bové, René Riesel purge actuellement une peine de prison de 6 mois pour sabotage de cultures transgéniques. Incarcéré à Mende, René Riesel contrairement à son ancien «compère» (sic!) a refusé catégoriquement toute demande de grâce qu’il a jugée et juge toujours «répugnante» . Il a également refusé tout aménagement de peine.

De quelle constellation théorico-pratique la dissidence de René Riesel est-elle issue? Des Canuts nous dit-il 1, des Luddites 2 laisse-t-il entendre ailleurs, de la Commune de 1871, mais aussi, de l’insurrection prolétarienne de 1956 en Hongrie, de l’Internationale Situationniste dont il fera partie avant d’en être exclu par Debord, enfin, des Enragés de mai 1968 dont il a été l’un des animateurs majeurs.

Plus généralement? D’un marxisme révolutionnaire déterminé, à savoir du Marx théoricien de l’anarchie 3, Marx pulvérisant l’idée d’un marxisme/idéologie de parti ou d’un marxisme/doctrine d’Etat. Ainsi la visée fondamentale de Marx serait-elle la disparition pure et simple de l’Etat comme semble l’attester, entre autres écrits, «l’Adresse sur la commune de 1871" dont on peut extraire, au passage, un propos sans ambiguïté: «La Commune ne fut pas une révolution contre une forme quelconque de pouvoir d’Etat, légitimiste, constitutionnelle, républicaine ou impériale. Elle fut une révolution contre l’Etat comme tel, contre cet avorton monstrueux de la société (…)» .

Aussi bien l’action que la pensée de Riesel sont issues d’une tradition anti-autoritaire (de fait anti-trotskiste, anti-stalinienne, anti-maoïste) tradition qui dénonce dans le même temps le processus de bureaucratisation du syndicalisme, un syndicalisme à comprendre dès lors comme simple instance de contrôle, de canalisation et de gestion de la contestation 4.

Il faut replacer précisément les sabotages de Riesel (il tient à ce mot) au sein de cette tradition faute de quoi on en perd le sens. Chez Riesel, il s’agit de pointer du doigt le conservatisme comme tel d’un syndicalisme de «négociation », «responsable» et «consensuel» à opposer précisément à une multiplicité de mouvements sauvages (au sens de grève sauvage où, de fait, les divers appareils sont pris de court et comme frappés de nullité), mouvements de lutte sans états-majors, instaurant de multiples rapports de force et dès lors peu enclins à faire leur deuil de la question sociale pas plus que de celle de l’émancipation.

Riesel scande le mot «sabotage» contre le terme d’»action citoyenne» à savoir contre le catéchisme de saison d’une contestation citoyenne où à travers cette expression il conviendrait de lire la possibilité d’un mouvement de «refus» poli, festif, participatif et résolument moderne, en rupture avec une tradition jugée «archaïque» car trop conflictuelle, trop «extrémiste» et disons un peu trop «prolétarienne» .

Il faudrait sans doute s’interroger longuement sur l’utilisation quasi systématique aujourd’hui de l’épithète «citoyen» lorsqu’il est question de contestation. A savoir, comment le qualificatif vient infléchir le nom, lui donner une consistance nouvelle, plus propre, plus lisse. «Citoyen» , «citoyenneté» , termes entretenus dans leur opacité, devenus fétiches, sans doute en vue de produire une image rassurante du social à l’endroit même où cette assurance devrait vaciller.

Selon un contraste remarquable, chez Riesel la contestation demeure radicale ou n’est qu’un faux semblant: en somme, elle se situe contre l’Etat et l’Argent ou se condamne à la vacuité. Il s’agit dès lors d’effectuer un renvoi dos à dos de ceux «qui rêvent d’adapter les hommes à l’enfer moderne en dénaturant les génomes et ceux qui souhaitent discuter démocratiquement des modalités de cette adaptation» . Soulignons le mot modalités pour bien faire entendre la fragilité essentielle de tout réformisme selon Riesel. Ainsi, «ce qui se lézarde définitivement, c’est l’illusion qu’il y aurait eu plusieurs façons, complémentaires, de s’opposer au génie génétique: certaines, ‘extrémistes’, sabotant la recherche et la diffusion des nécrotechnologies et d’autres, ‘tactiques’, réclamant de la traçabilité, de l’expertise et du contrôle» . Par réformisme, on ne peut qu’entendre cette acceptation implicite (elle ne s’énonce bien entendu jamais comme telle) de l’ordre établi, du statu quo , qui se légitime en invoquant un certain «réalisme» ou «pragmatisme» renvoyant tout pôle de radicalité, tout refus clair et net à partir duquel une action cohérente est possible, à un idéalisme naïf. Le «réalisme» de «l’acteur citoyen» constitue la figure masquée mais néanmoins achevée du renoncement, d’un renoncement qui a un sens aigu du fatalisme, de l’irréversible. Presque une petite philosophie de l’histoire où l’on pourrait néanmoins, timidement, introduire un peu de contingence sous la forme de maigres amendements.

De l’Etat encore de l’Etat

Tel est le cri de guerre de «l’acteur citoyen» , en fait à n’en pas douter un miaulement de chaton pour Riesel. Ce qui est attendu ici, c’est une bonne régulation de l’économie, un juste contrôle du capitalisme, une correction de ses excès qui ne fait au fond que naturaliser son principe. La question de la domination disparaît, celle de l’exploitation se transforme en celle d’une exploitation acceptable. Un Bon Etat vraiment citoyen, gentiment keynésien (ô vertige de la répétition historique!) et plein de compassion pour les pauvres; une Bonne régulation de l’économie en guise de Solution etc. Il n’y a là rien de très nouveau dans l’esprit que cet ensemble de thèses véhicule si l’on s’applique à repérer certaines matrices idéologiques fondamentales. Ainsi, l’attrait du «Bon régime» , son culte, la possibilité d’en finir avec le tumulte, l’horizon permanent d’une solution enfin trouvée à la desunione , Machiavel déjà en dénonçait la bêtise et l’ancrage résolument métaphysique 5. Qu’importe, certains ont pu attendre vainement une Bonne bureaucratie, d’autres attendent toujours un Bon cadre syndical ou encore un Bon patron. Bref un Bon Maître. Or à cela, Riesel oppose le sabotage, «ici et maintenant» , sans procuration, sans médiation, où le saboteur dit «je» face au «nous» réconfortant de la militance classique et moutonnière. Pas de «Rieselisme» possible donc! Via le sabotage du CIRAD (établissement public de recherche agronomique) c’est l’Etat qui est contesté en tant qu’instance neutre d’arbitrage. Mieux, c’est l’Etat qui se trouve «pris la main dans le sac de ce qu’il produit» . La thèse sacro-sainte de la neutralité de l’Etat ainsi que celle, corrélative, d’une recherche publique intouchable car intrinsèquement pure et vertueuse: c’est à cela que s’attaque Riesel.

L’institution scientifique publique en effet (et non uniquement quelques sombres laboratoires privés) s’inscrit comme telle dans le processus d’idéologisation de la question des OGM à savoir dans la légitimation de leur nécessité censée occulter des enjeux à la fois philosophiques et politiques que l’on peut brièvement rappeler:

- Privatisation du vivant orchestrée en France par le CIRAD via la dissémination d’OGM en milieu ouvert, privatisation dont la traduction pratique constitue la stérilisation des semences par Monsanto et les plaintes consécutives à l’encontre de quelques paysans ayant malgré tout, dans un geste «rétrograde» désespérément «non moderniste» , conservé de quoi re-semer.

- Projet de domination totale selon Riesel c’est-à-dire de réification égalitaire de tout ce qui bouge; domination totale car «Il y a loin de la maîtrise raisonnée de la nature humanisée, et même du projet cartésien, à la dévastation ininterrompue de ce qui reste de la nature, des hommes et de leurs sociétés» . Réification égalitaire nous dit Riesel. Il explicite ce dernier terme ailleurs. Ainsi, «Ce scientisme utilitariste et réducteur, qui ne croit comprendre que lorsqu’il croit dominer, ne sait rien imaginer qui soit gratuit, non brevetable, non manipulable» . Le réel est le manipulable: c’est là la suprême évidence scientiste, en fait une grande farce selon laquelle l’être du réel serait enfin élucidé ou en voie d’élucidation… Que signifient les chimères génétiques? «Une tentative de supplanter la nature (extérieure et intérieure à l’homme), d’éliminer cette dernière résistance à la domination du rationalisme technologique.» Or, «Une ‘raison’ qui veut ignorer – et ici supprimer pratiquement– ce qui n’est pas elle, c’est je crois, la définition minimum du délire» . Nous sommes au plus près ici de certaines réflexions d’Hannah Arendt touchant l’intrication profonde de la démesure technoscientifique et de la religion du progrès où se laisse lire une volonté d’en finir avec toute altérité, toute singularité, volonté de n’avoir plus affaire qu’à soi-même, à ses propres opérations 6.

Résistance ou folklore?

Si Riesel dénonce la spirale délirante de l’artificialisme ce n’est pas en vue de produire à un pôle diamétralement opposé, l’image dorée d’une résistance radicale, combative, non domestiquée. Bien plutôt s’agit-il d’interroger aussi bien la pertinence que le devenir d’une contestation qui, notamment (mais pas seulement) à travers la figure de José Bové, se théâtralise, prend des allures étrangement festives. Ainsi, que penser d’un mouvement qui semble s’être laissé prendre au piège (qui a été partie prenante? 7) d’une personnalisation qui vire au folklore le plus ridicule (la pipe, le roquefort, la «mal bouffe» etc…)? Conserve-t-on une cohérence politique lorsque, dénonçant à bon droit les ravages de l’ultra-libéralisme, l’on n’hésite pas dans le même temps à s’inscrire dans la logique d’un talk-show libéral très en vogue? On repère ici une logique du spectacle et cette logique du spectacle s’emballe: aux kermesses humanistes, «teufs citoyennes» et autres «merguez party philanthropiques» succède le grand bal des «experts» dans l’enceinte du tribunal. Car l’expert fait bien partie du spectacle chez Riesel qui dénonce, dans le sillage de Jacques Rancière croyons-nous, le règne de l’expertise. Mais peut-il exister des experts en égalité ou en liberté demandera Rancière?

Question que partagerait sans doute Riesel.

Ne pourrait-on par ailleurs concevoir la médiatisation de José Bové en regard de la dynamique spécifique du capitalisme, précisément du règne de l’industrie culturelle (pour reprendre les mots d’Hork-heimer et d’Adorno) c’est-à-dire de sa capacité de digestion de tout ce qui tendrait initialement à subvertir l’ordre existant. De fait, comme le souligne à plusieurs reprises Riesel, le marché de l’inquiétude et de la contestation est un marché juteux, marché qui balaie un spectre très large: des «baskets éthiques» nous dit-il pour pointer du doigt que l’éthique constitue ici essentiellement un instrument de marketing, en passant par les chants révoltés de rockers sous contrat avec quelques voyous transnationaux, jusqu’aux docteurs en éthique, experts environnementalistes et autres charlatans que l’on auréole d’une «scientificité» douteuse. Ainsi, «On ne va pas essayer de calmer l’inquiétude, elle est devenue un moteur économique et social reconnu. On va s’employer à évaluer la demande sociale de protection, à démontrer que le ‘risque’ est la condition, sinon le sel, de la survie dans une société industrielle, la seule chose qui donne vraiment leur prix aux marchandises sécurisées. On écoutera les environnementalistes et le ‘tiers secteur’, on tendra le micro aux épistémologues – des experts après tout! –, les docteurs en éthique pourront conclure en houspillant les adorateurs du Veau d’or.»

Ce que condamne un tribunal, nous rappelle prosaïquement Riesel, ce en quoi un mouvement politique peut être dangereux pour l’ordre établi et constituer de fait un contre pouvoir effectif, ce ne sont pas «des piques-niques où l’on déjeune une fois les CRS installés» , «c’est ce qui a été fait pour de bon au CIRAD, quelque interprétation citoyenniste pour de rire qu’on essaye d’en proposer après coup». Ainsi, ce à quoi Riesel en appelle continuellement nous semble-t-il (et qui explique d’ailleurs son départ de la Confédération Paysanne), c’est à la nécessité de réinventer une ou plutôt des pratiques politiques qui renoueraient à la fois avec l’esprit du déclenchement de Mai 1968, c’est-à-dire la version libertaire de 1968 «rejet simultané du socialisme de caserne et du Welfare State» ainsi que l’histoire non aseptisée du mouvement ouvrier 8.

Réinventer?

Assurément, réinventer, car le mot suggère clairement le fait qu’il ne s’agit pas de céder au vertige de l’imitation, à la fétichisation nostalgique de certaines figures ou de certains événements, événements-narcotiques, événements-béquilles qui viendraient soulager une conscience désenchantée en lui assignant sa tâche, toujours la même, identique, non affectée par la question de l’histoire.

Réinventer implique semble-t-il un rapport au passé, qui exclut, d’une part, le couple table rase/création ex nihilo mais aussi d’autre part, toute forme d’historicisation, à savoir, de mise à distance de l’historique ou mieux peut-être de neutralisation objectiviste de l’historique selon laquelle le passé ne pourrait plus être questionné au présent, le lien problématique du passé au présent demeurant sinon une fois pour toute tranché, du moins parfaitement contrôlé.

A travers certains mouvements révolutionnaires, il semblerait que se laisse relever fondamentalement, non pas un corps doctrinal positif, stable, et reconductible comme tel, mais bien plutôt une disposition fondamentale, unestimmung , une humeur libertaire qui, par-delà la différence des temps, ne cesse pas de nous interpeller, de nous renvoyer à nos propres tâches. Ainsi, chez Riesel «C’est du côté de l’admirable capacité d’auto-organisation des Luddites – l’histoire policière s’interroge encore sur l’existence du grand état-major occulte, à ses yeux indispensable à coordonner leur vaste offensive! (nous soulignons) – de leur talent historique à aller immédiatement au-delà des résistances élémentaires contre la perte des ‘droits acquis’ et à montrer en même temps que leurs avantages n’avaient servi qu’à compenser de plus anciennes atteintes à l’intégrité de leurs communautés, à poser d’emblée l’incompatibilité de leur préservation et de leurs progrès librement choisis avec le développement du machinisme industriel, qu’on peut trouver encore une source d’inspiration.»

Se ménager un accès critique à ce type de sources historiques implique, à titre de condition, le fait de briser une fois encore, mais par un autre biais, le socle théorique du scientisme. En effet, celui-ci ne prétend pas seulement élucider la question de la Nature, il s’attaque également à l’Histoire comme telle, doublé qu’il est par une idéologie tenace du Progrès. Ainsi, Scientisme et idéologie du Progrès, dans leur travail frénétique de rationalisation du présent (d’un présent compris comme état de fait inscrit dans un schéma nécessaire, indépassable, irréversible de «développement» ) font sombrer dans l’occultation le fait que «Quoi qu’en pensent certains dévots fossilisés, des stades antérieurs des sociétés humaines ont pu être moins éloignés que le nôtre de poursuivre le processus d’humanisation; ou plus aptes, ce n’est pas forcément la même chose, à faire le choix de l’émancipation.»

Emancipation!

Le mot est enfin lâché et ne se laisse pas retrancher du sens du combat , du conflit , de la division et du discord où une pluralité d’individus «tous uns» , crachant néanmoins sur la vulgate libérale de l’individu/atome social, sont capables d’une expérience politique c’est-à-dire d’un lien humain se tissant au gré de la résistance et la désobéissance civile (et certainement pas civique selon Riesel).

A lire celui-ci, sans qu’il puisse bien entendu tenir totalement la comparaison, on se rappelle les propos décidément toujours aussi scandaleux de l’Enfermé A. Blanqui, que certains, peu nombreux, ont tenté de libérer: «Pas d’autorité, depuis le gendarme jusqu’au roi, qui ne mérite 25 coups de fouet chaque matin, comme châtiment de son arrogance, de sa vanité, de ses rapines, de ses iniquités.» 9

Thomas Feixa

  1. Lorsque nous citerons René Riesel, nous nous réfèrerons essentiellement à ses deux ouvrages publiés dans l’Encyclopédie des nuisances: «Déclarations sur l’agriculture transgénique et ceux qui prétendent s’y opposer» (Mai 2000), «Aveux complets des véritables mobiles du crime commis au CIRAD le 5 juin 1999 (Juin 2001). A noter la publication en novembre 2003 d’un nouvel ouvrage de Riesel: «Du progrès dans la domestication» aux éditions l’Encyclopédie des nuisances. Notre article ne prend quasiment pas en considération cet écrit qui mériterait néanmoins une analyse attentive.

  2. Voir la grande thèse d’E-P. Thompson, «La formation de la classe ouvrière anglaise» . Paris: Seuil, 1988 [1963].

  3. Voir Maximilien Rubel, «Marx critique du marxisme» . Paris: Payot, Critique de la politique, 1974. Mais aussi Miguel Abensour, «La démocratie contre l’Etat - Marx et le moment machiavélien-» . Paris: Puf, 1997

  4. Nous songeons ici en particulier au groupe révolutionnaire Socialisme ou Barbarie , groupe dissident de la IVème Internationale fondé par Cornélius Castoriadis et Claude Lefort en 1947. Voir Claude Lefort, Eléments d’une critique de la bureaucratie . Paris: Gallimard (Tel), 1979. Et Cornélius Castoriadis, La société bureaucratique . Paris: Bourgois, 1990.

  5. Voir Claude Lefort, «Le travail de l’œuvre. Machiavel» . Paris: Gallimard, 1972. Notamment le chapitre intitulé «A la lecture des Discorsi» . Une grande partie de la thèse de Lefort fait droit à l’entente machiavélienne de la division, une division incandescente flirtant avec la guerre civile, desunione qui s’éprouve en défiant ainsi toute posture de surplomb (elle demeure non réifiable), division conçue comme le ressort fondamental de la «révolution démocratique» et qui va à l’encontre de l’imaginaire toujours dominant du «sage législateur» .

  6. On se reportera à Etienne Tassin, «Le trésor perdu. Hannah Arendt l’intelligence de l’action politique» . Paris: Payot, Critique de la politique, 1999. En particulier le chapitre intitulé «La société moderne et l’aliénation du monde» .

  7. La «servitude volontaire» telle qu’analysée magistralement par La Boétie ne continue-t-elle pas d’emprunter des formes toujours nouvelles qu’il nous appartiendrait sinon de déjouer du moins d’inquiéter et ce, interminablement?

  8. Faut-il vraiment prendre la peine de préciser que le mouvement ouvrier en France au XXème siècle ne peut se résumer aux manifestations de la CGT ainsi qu’aux visées totalitaires du PCF (et non aux égarements malencontreux de celui-ci!)?

  9. Auguste Blanqui. «Instructions pour une prise d’armes. L’éternité par les astres». Paris: Sens et Tonka, 2000. Notre citation est issue de la très belle post-face de Miguel Abensour et Valentin Pelosse, «Libérer l’enfermé».