Contrairement à la plupart de ses pays voisins, la Suisse n’a pas connu d’afflux important de réfugiés les dernières semaines. Ceci n’empêche pas le parti comptant le plus d’électeurs et de moyens financiers, l’Union Démocratique du Centre (UDC), de faire un grand tapage anti-réfugiés.
Rien de très surprenant, étant donné que nous sommes en période électorale. En effet, le 18 octobre, des élections nationales auront lieu pour renouveler le Parlement et l’UDC essaye de pêcher dans l’étang de la xénophobie.
Pendant le débat parlementaire sur la nouvelle loi d’asile, l’UDC a proposé plusieurs douzaines d’amendements pour durcir encore plus la loi et a même demandé un moratoire d’une année sur l’asile, ce qui aurait suspendu la loi purement et simplement. Heureusement, elle n’a pas trouvé de soutien en dehors de son parti. En Suisse aussi, le climat envers les réfugiés, au sein de la population et dans les grands médias, a sensiblement changé. Des propositions d’aide et de solidarité voient le jour dans tout le pays. La Chaîne du bonheur (une collecte de dons à grande échelle, organisée par la radio publique RTS) a réuni en un seul jour la somme de presque six millions de francs pour les réfugiés. A une échelle plus modeste, des manifestations, veillées, et autres évènements ont lieu pour exprimer une solidarité avec les réfugiés. Concrètement différents groupes tentent, par exemple, de favoriser et développer l’accueil de requérants dans des familles ou des appartements privés. Ceci pour contrer la tendance des autorités fédérales à «caser» les demandeurs d’asile dans des grands centres anonymes, sans contact avec la population et bien souvent loin de toutes habitations. Les trois petits villages jurassiens de 300 habitants de Giez, Soulce et Undervelier abritent de telles initiatives.
Dans la commune de Giez, dans le canton de Vaud, le conseiller municipal et ancien directeur des eaux minérales «Henniez», Nicolas Rouge, a publiquement appelé à ce que chaque village suisse accueille une famille de réfugiés. Il a calculé qu’avec 4.000 villages dans le pays, ceci signifierait une aide importante pour 16.000 requérants. L’appel de Nicolas Rouge a reçu un grand écho dans les médias et le Syndic (équivalent de Maire en Suisse) de Giez a réagi immédiatement en proposant un premier appartement. A Soulce et Undervelier dans le canton du Jura, l’initiative vient d’une habitante néerlandaise qui a cherché des alliés pour rendre possible l’accueil de deux ou trois familles. Elle a trouvé très rapidement quelques membres de la coopérative Longo maï et d’autres habitant·e·s pour créer un comité. La première soirée publique, destinée à sonder l’atmosphère, a attiré une quarantaine de personnes, ce qui est beaucoup. Malgré quelques voix critiques qui exprimaient une peur envers des mentalités si différentes des nôtres, la volonté d’agir et d’aider l’emporta largement. Un électricien retraité a proposé son aide pour remettre en état un appartement vide, une écrivaine était disposée à donner des cours de langues et une jardinière a exprimé son souhait de faire participer des familles syriennes aux travaux maraîchers en espérant aussi apprendre quelque chose d’eux.
Ces anecdotes montrent que l’empathie de la population est bien plus grande que ce que certains veulent souvent nous faire croire. Malgré une xénophobie latente, qui s’exprime surtout dans des propos généraux autour de tables rondes, énormément d’hommes et de femmes veulent bien traduire leur élan de solidarité en actes concrets.