Le 3 avril 2012 avait lieu la remise du prix des droits humains suisse Frontières ouvertes1 au Comité d’aide médicale de Transcarpatie (CAMZ)2 dans le bâtiment de l’administration du district de Transcarpatie à Oujgorod. Plusieurs représentants du gouvernement et du parlement transcarpatiens, l’ambassadeur suisse de Kiev et des représentants des médias régionaux participaient à cet acte solennel.
Dick Marty, connu internationalement pour son engagement pour les droits humains et ancien Conseiller aux Etats du Tessin, était arrivé de Suisse avec les fondateurs du prix du Cercle d’amis de Cornelius Koch.Cette délégation était mandatée par plusieurs centaines de citoyen et citoyennes suisses qui soutenaient la démarche avec une déclaration de solidarité.
A la fin de la cérémonie, un chèque de 10.000 euros a été remis aux lauréates du CAMZ, une somme qu’elles emploieront pour la poursuite de leur travail avec les réfugiés.
Extraits de son discours:
*Une société révèle sa maturité à son traitement des étrangers.
En Europe occidentale et en Suisse, beaucoup de gens ont des difficultés avec la migration, un phénomène social mondial. D’autres en profitent en attisant la peur et font leur soupe xénophobe pour gagner des voix. Ils jouent avec le feu et avec la vie humaine.
Beaucoup chez nous voudraient voir les réfugié-e-s et les migrant-e-s le plus loin possible, comme si un problème qu’on ne voit pas n’existait pas. Nous vivons cependant tous ensemble dans un monde unique. (…)
Je considère comme un honneur de pouvoir remettre le prix suisse des droits humains Frontières ouvertes aux femmes du Comité d’aide médicale de Transcarpatie.
Elles effectuent un travail excellent pour les réfugiés et les migrant-e-s qui échouent aux portes fermées de la soi-disant Europe unie, parce que la générosité et l’hospitalité sont presque devenues chez nous des mots étrangers. Elles s’occupent des consultations médicales, juridiques et humaines et de la prise en charge des personnes internées dans les camps dans des conditions inacceptables, ou qui tentent de survivre dans la rue dans des conditions des plus difficiles.
L’implication pour les sans défense et les plus faibles n’est pas toujours appréciée de tous. Ainsi un tel engagement a besoin, comme le montre le CAMZ, de beaucoup de courage. (…)
Je voudrais parler un peu du courage. (…) En ayant le courage d’aller vers l’étranger, l’inconnu et d’écouter des humains qui ont des problèmes tout à fait différents des nôtres, tout en échangeant des idées avec eux, notre propre situation nous apparaît dans une lumière nouvelle. En se voyant à travers le miroir de l’étranger, on est mieux conscient de soi-même. (…)
Le courage de continuer avec persévérance est aussi important si on est complètement convaincu de quelque chose. Et même si on est seulement un petit groupe ou bien si on est seul. Avant tout, quand nous voyons que ceux-là même qui ne se soucient que de leur propre bien-être nous fuient, il faut du courage pour supporter aussi la solitude.
Toujours surmonter les adversités de la vie, surmonter aussi le pessimisme vers lequel la raison et la résignation nous entraînent volontiers, bien que tout s’obscurcisse autour de nous. Le courage allume toujours la lumière dans la salle.
- Voir Archipel No 200, janvier 2012, «Ukraine-Engagement avec les sans papiers».
- Le CAMZ est l’organisation partenaire du Forum Civique Européen en Ukraine.