Comme vous avez déjà pu lire1, le référendum contre le durcissement de la loi d’asile, votée par le Parlement fédéral en septembre 2012, a abouti. 75.000 signatures ont été récoltées dont plus de 63.000 validées par la chancellerie fédérale. Un large débat ainsi que la votation populaire qui doit s’ensuivre ont pu donc être provoqués malgré l’absence des grandes organisations et partis. Un grand merci à toutes et à tous ceux qui s’y sont attelés!
Mais c’est maintenant que commence le véritable effort: la campagne de votation. Les lois seront soumises au vote le 9 juin prochain et il s’agit dès maintenant de tout mettre en place pour faire entendre les arguments du comité référendaire pour une Suisse plus humaine.
Un large Non
Le 16 février, une réunion nationale s’est tenue à Berne pour mettre sur pied un comité de campagne. Plus de quarante personnes, d’organisations très diverses et de toutes les régions de Suisse, y ont participé. La plupart, tels que les Jeunes Verts, avaient contribué à la collecte des signatures. Depuis, de nouveaux alliés, et pas des moindres, nous ont rejoints, tels que la direction des églises protestantes suisses, celle du Parti socialiste suisse, et Amnesty International qui appellent désormais à voter NON – même s’ils n’ont pas encore rallié le comité. La hauteur de leur engagement, et notamment au niveau financier, est encore floue.
Les interventions des participants à la réunion étaient, elles, plus claires et plus fraîches. Même si la victoire du NON aux votations est plus qu’improbable, certains participants trouvaient, par exemple, qu’ils «n’avaient pas collecté toutes ces signatures sous la pluie, la neige et le froid, pour ensuite démarrer une campagne vouée à l’échec». Pour ce qui est des objectifs de la campagne, ils étaient formulés de façon très variable. Certains préconisaient de tout tenter pour qu’une majorité en faveur des réfugié-e-s sorte des urnes dans les grandes villes puisque c’est là que résident la plupart des réfugié-e-s. D’autres estimaient qu’un résultat de 30% devrait être interprété comme un succès. Pour ma part j’ai défendu qu’il faudrait essayer de convaincre un million de gens de glisser un NON dans les urnes le 9 juin. Bien sûr il s’agit là d’un objectif ambitieux, mais comment lutter efficacement sans ambition? En tout cas, le groupe fait preuve d’une combativité et d’une intelligence créative remarquables. Nous, les quadragénaires et plus, étions minoritaires dans la réunion, ce qui donne de l’espoir pour l’avenir de la Suisse et du mouvement d’asile.
David contre Goliath
Une des questions clef sera celle des moyens financiers. Nous sommes dans la situation de David contre Goliath. Le budget de campagne de tous les partis conservateurs réunis va bien sûr dépasser le nôtre de très loin. Raison pour laquelle combativité et intelligence ne suffiront pas pour faire le poids.
Il faudrait disposer d’un million de francs pour pouvoir aisément contrecarrer cette hystérie xénophobe. Existe-t-il en Suisse 500 personnes prêtes à verser 1.000 francs et 5.000 personnes prêtes à verser 100 francs contre le harcèlement anti-réfugié-e-s indigne d’un pays riche tel que la Suisse?
Le CEDRI et le Cercle d’amis Cornelius Koch aimeraient trouver un soutien pour cette campagne au-delà des cercles déjà engagés. Nous sommes convaincus qu’il existe de nombreux hommes et femmes dans les milieux culturels, de l’église et autres mouvements progressistes disposés à rejoindre la campagne. Si vous avez des idées dans ce sens – contactez-nous. Un million de francs et un million d’hommes et de femmes contre la xénophobie! Ce n’est pas complètement fou – non?
- Pour plus d’information sur les durcissements de loi et sur la campagne, voir Archipel No 210, décembre 2012, Mettez-moi dans un centre, je suis une citoyenne récalcitrante et 209, novembre 2012, Le référendum contre la loi d’asile est lancé <www.forumcivique.org> ou le site <www.stopexclusion.ch>