Le 26 septembre dernier, au Mexique, une atroce répression policière frappait les étudiants de l’école normale rurale Raùl Isidro Burgos d’Ayotzinapa*. Cette attaque s’est soldée par 7 morts, dont 4 étudiants, 25 blessés et 43 disparus.
Les étudiants de la Normale se mobilisaient en cette fin septembre 2014 pour aller à la marche annuelle de commémoration du massacre des étudiant-e-s de la place des Trois cultures (place de Tlatelolco) qui eut lieu le 2 octobre 1968, une semaine avant l’ouverture des premiers Jeux Olympiques organisés dans un pays du «tiers-monde».
Du 16 avril au 19 mai, une délégation a sillonné l’Europe pour informer la communauté européenne de la lutte des pères et mères de famille pour la libération des 43 étudiants normaliens disparus.
La brigade, composée d’un père de famille, d’un étudiant et d’un défenseur des droits humains, a traversé 13 pays du continent pour participer à des réunions avec des organisations étudiantes, des collectifs, des organisations sociales et syndicales et appeler à maintenir l’observation internationale sur le Mexique, face à la grave crise que subissent les droits humains dans ce pays. Lors des marches et des rassemblements devant les ambassades et consulats mexicains, des prises de parole dans les universités, des rencontres avec les communautés organisées, la délégation d’Ayotzinapa a partagé ce qu’ont signifié sept mois de lutte et d’organisation.
- Les membres de la délégation exigent la libération des 43 étudiants normaliens disparus, malgré l’insistance de l’Etat mexicain à clore l’enquête sur la responsabilité de l’armée mexicaine et de la police fédérale ainsi que les recherches.
- Ils demandent à la communauté européenne de maintenir une surveillance internationale face aux actes de répression qui frappent le mouvement social.
- Ils demandent un soutien pour mettre en place des garanties réelles de non-répétition, de respect et d’accès plein et entier aux droits humains.
La responsabilité internationale des gouvernements européens dans les violations graves de droits de l’homme commises contre les étudiants normaliens est engagée, puisqu’ils ont signé des traités de collaboration avec le Mexique en matière de sécurité et de commerce, ce qui signifie la vente d’armes et la formation de la police et de l’armée mexicaine, et ce bien que les droits humains continuent d’être violés au Mexique.
Omar Garcia, membre du Comité étudiant d’Ayotzinapa, en préalable à la tournée, avait déclaré: «A cette occasion, nos interlocuteurs en Europe seront les organisations sociales, les collectifs, les médias libres, la société civile organisée. Nous venons les remercier de leur soutien et insister sur la nécessité, comme communautés et sociétés de la base, de continuer à nous organiser pour transformer une fois pour toutes ce système de pouvoir et de corruption construit sur la dépossession, le mépris, l’exploitation et la répression contre nos peuples. Nous devons le faire ensemble, depuis nos lieux d’origine, coordonnés et organisés. Comme les puissants ont globalisé la dépossession, nous avons le devoir sacré de globaliser la résistance, la digne rage et la joyeuse rébellion.»
Plus d’infos:
<ayotzinapaenlutte.blogspot.fr>
* Voir entre autres Par monts et par vaux, en bas à gauche, Archipel No 236, avril 2015.
ELECTIONS:
Ce 7 juin dans 9 Etats du Mexique ont lieu les élections des gouverneurs et municipales. Le mouvement de solidarité avec Ayotzinapa a lancé une campagne active de boycott de ces élections, avec le slogan que voter, c’est voter pour les narcos. A l’heure où nous mettons sous presse, la contestation s’étend dans les Etats du Michoacan, Veracruz, Chiapas, Guerrero, Oaxaca et Zacatecas. L’Etat fédéral répond par l’envoi massif de troupes (armée, police fédérale, marine, etc.). Pendant la campagne électorale, plus de 10 candidats ont été assassinés. La tension est extrême, ne les laissons pas seul-e-s.
Infos sur:
http://espoirchiapas.blogspot.fr/; https://liberonsles.wordpress.com/http://cspcl.ouvaton.org/