Nous pouvons constater, depuis la catastrophe de Fukushima, une baisse continue du prix du Yellowcake (l’uranium commercialisé) au point qu’il ne couvre plus les frais d’extraction. Ceci laisse espérer aux habitants de Faléa que l’ouverture de la mine sera repoussée à plusieurs années... le temps d’envisager et de réaliser des alternatives économiques.
La population de Faléa ne peut pas encore tirer de conclusions de deux événements majeurs: la société canadienne Rockgate Capital Corp. (RGT, Toronto), qui a effectué l’exploration du site de Faléa, a été engloutie par une société plus importante, canadienne également, et dénommée Denison (DNN Toronto). Par ailleurs, on dit que la mine d’extraction de bauxite sur le territoire de la Commune de Faléa ne se réaliserait pas: la compagnie minière britannique qui préparait son ouverture a déménagé, avec ses équipements et son matériel, dans le sud du Mali, à Kignan (région de Sikasso). Est-ce que ce sont là des conséquences de la présence sur place de la Radio communautaire, de la Déclaration des Maires du Cercle de Kéniéba, de l’activité des comités de para-juristes, de la participation d’une forte délégation des habitants de Faléa à la conférence internationale Uranium, Santé et Environnement de Bamako en mars 2012 et de représentants de l’ARACF à l’édition 2013 du même événement à Dar es Salam (Tanzanie) (Archipel 222), ou encore de la présence du tout nouveau véhicule sanitaire tout terrain, une Toyota 4 roues motrices, offert par l’ARACF aux 21 villages de la Commune de Faléa qui contribue de façon significative, depuis mai 2013, au désenclavement de la région?
Tout ceci constitue, en effet, un signal visible de plus que les habitants peuvent compter sur un nombre croissant d’alliés qui défendent l’Appel de Faléa. Parmi eux, la ville de Genève nous soutient sans interruption depuis 2010, mais aussi de nombreux syndicats, organisations humanitaires, parlementaires et ONG de différents pays. Avant son rachat par Denison, Rockgate avait tenu à manifester ses bonnes dispositions à l’égard du gouvernement malien. Pour ces négociations, le ministère de l’Environnement avait imposé la présence des porteurs de l’initiative citoyenne ARACF. N’était-ce qu’une manœuvre pour ne pas perturber la vente des actions RGT à bon prix? Il faut constater que l’Etude d’Impact Environnemental et Social, exigée par la législation minière malienne et annoncée sur le site web de RGT, en est encore au stade de la déclaration d’intention et que l’échéance pour le dépôt de ce rapport n’a pas été fixée et diffusée officiellement. Ceci implique que la consultation populaire à Faléa ne peut être envisagée dans les délais annoncés initialement par les acteurs citoyens et les élus. L’ARACF va utiliser ce temps pour surveiller de près Denison, ses activités au Canada, en Zambie, en Namibie et en Mongolie et tenter de comprendre ses relations avec Areva. Elle va également organiser des échanges entre Faléa et Arlit (site de mines d’uranium au Niger, exploitées depuis plus de quarante ans, surtout par Areva) et s’efforcer de faire avancer sur le terrain les actions et projets qui favorisent un développement local, alternatif et durable.
Sur le plan de la politique générale, la démocratie sous surveillance rapprochée de l’ancien (et du nouveau?) colonisateur, la France, paraît retrouver un semblant de normalisation. En effet, les élections du 24 novembre et du 15 décembre 2013 pour la nouvelle Assemblée Nationale se sont déroulées sans trop de heurts, mis à part à Kidal, dans le nord du Mali. La France ne se distancie apparemment pas des organisations qui militent pour la division du pays. Quant aux élections municipales, elles auront lieu courant mai 2014.
Avec nos salutations amicales, bonne année 2014