Une réappropriation devrait avoir d'abord cette dimension politique : elle a pour but la maîtrise des hommes sur leurs propres activités et créations, la domination de la société sur sa technique et son économie.
Car chacun doit devenir maître des machines et des choses, de l'ensemble des créations humaines afin de les mettre au service du développement de la vie et non en subir l'évolution, courir derrière leur renouvellement incessant, être asservi à leur fonctionnement.
Ce ne sont donc pas toutes les machines et réalisations humaines qui peuvent faire l'objet de cette réappropriation. Il est en effet nécessaire "de séparer, dans la civilisation actuelle, ce qui appartient de droit à l'homme considéré comme individu et ce qui est de nature à fournir des armes contre lui à la collectivité, tout en cherchant les moyens de développer les premiers éléments au détriment des seconds" (1), autrement dit, il est nécessaire d'effectuer un tri, sur la base de "l'inventaire exact de ce qui dans les immenses moyens accumulés, pourrait servir à une vie plus libre, et de ce qui ne pourra jamais servir qu'à la perpétuation de l'oppression." (2)
Il ne faut donc pas se cacher qu'un tel projet politique signifie la remise en cause radicale des bases de la société actuelle, c'est-à-dire l'arrêt du développement économique et le démantèlement d'une grande partie du système industriel et technologique. Cela seul peut permettre ensuite le retour à des formes techniques et économiques à l'échelle humaine tel que la reprise du développement humain et social à partir de ces bases simplifiées puisse être réalisée par des communautés ou des collectivités, organisées selon le principe de la démocratie directe, qui seront ainsi réellement maîtres de leurs activités et de ce qui détermine les conditions de leur existence.
Au sommaire: les Lumières et leur projet politique, les Luddites – une tentative de réappropriation, la science et le capitalisme, la démesure du système industriel, la réappropriation des arts, des sciences et des métiers.
Bertrand Louart, Juin 2003
Simone Weil, "Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale" , 1934
Revue de "l'Encyclopédie des Nuisances" no 1 – novembre 1984
"Quelques éléments d'une critique de la société industrielle" suivies d'une "Introduction à la réappropriation, ébauche de 1999 - juin 2003" Brochure 15 x 21 cm, 48 pages, 3,60 euros (+0,58 euros de port).
Supplément à Notes & Morceaux Choisis, Bulletin critique des sciences, des technologies et de la société industrielle, disponible 52, rue Damrémont, 75018 Paris