KIOSQUE: Dominations

7 mai 2010, publié à Archipel 144

Dans ce monde aseptisé, il y a encore des artistes et des libres-penseurs qui se battent sur le front des idées et qui stimulent notre réflexion. Les éditions Homnisphères vous invitent à découvrir Dominations de Bruce Clarke .

L’Histoire n’est qu’une série de dominations orchestrées par une minorité au détriment d’une vaste majorité. A chaque étape, à chaque période, un alibi, une justification, avec une profusion de textes et d’images, de discours officiels pour présenter cette nouvelle domination comme annonciatrice d’un «ordre nouveau» relevant lui-même d’un «ordre naturel» . L’ordre naturel de Dieu. Aujourd’hui, les puissances naturelles se dénomment «les forces du marché» : des forces qui, selon la doxa officielle et médiatique, seraient toutes-puissantes.

Le racisme, les théories au sujet de la supériorité des «races», les doutes sur l’humanité de certains peuples ont été la justification et l’alibi de l’esclavage pendant des siècles. Des «mystifications fondatrices» , pour ainsi dire. Aujourd’hui, la mondialisation libérale a également besoin de mystifications pour cacher l’évidence de sa réalité: elle est une machine à broyer, à casser les rêves et les aspirations, à standardiser les hommes et les transformer en pions d’un gigantesque jeu d’échec dont ils ne maîtrisent pas les règles. Une machine qui cloue les pays du Sud dans un sous-développement et une pauvreté chroniques.

Les mystifications modernes, déguisées en «évidences fondamentales» , font appel à des images, à des médias, à des formes coercitives ou incitatives pour faire accepter l’inacceptable. Mais les dominations se construisent sur des bases multiples, avec leurs propres contradictions. Il n’y a pas de complot de la domination. Dans ces contradictions, dans les interstices, les fissures, il y a lieu et possibilité de s’interroger et d’agir: face aux vérités imposées, devons-nous rester bouche bée et constater notre impuissance? Ou n’est-il pas plutôt de notre devoir d’essayer de désigner, décrypter, dénoncer la mystification sous toutes ses formes? Pour mieux comprendre le passé, certes, mais également pour tenter de mieux comprendre notre présent, clé de notre avenir.

Dominations est le livre d’un artiste peintre qui résulte de ces interrogations. Il est un questionnement en textes et en images. Il pose donc des questions, mais n’apporte pas de réponses. Le lecteur pourra s’interroger: pourquoi ce texte dans cette image? Ou cette image avec ce texte? Que signifient ces décalages? Que veut-on nous dire? Ce sera alors à lui, ici, d’alimenter sa propre réflexion. De décrypter les impostures. De lutter contre la domination.

Bruce Clarke est né en 1959 à Londres. Artiste engagé, notamment dans la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud et dans la mobilisation contre le génocide au Rwanda, il est basé à Paris depuis 1989. En tant que photographe, il a publié des reportages sur l’Afrique du Sud, la reconstruction du Rwanda, le retour des réfugiés libériens et la Palestine. Bruce Clarke est l’auteur du projet en cours «Le Jardin de la Mémoire», une sculpture dédiée à la mémoire des victimes rwandaises composée d’un million de pierres portant chacune une marque ou un nom désignant un disparu. Son œuvre, résolument ancrée dans un courant de figuration critique, traite de l’écriture et de la transmission de l’histoire.

Préface de Olivier Sultan,

Directeur du Musée des Arts Derniers

Postface-Discussion avec

Bruce Clarke sur la question de l’art et l’engagement

Collection Savoirs Autonomes Format 14 X 19 cm / 224 pages

140 tableaux en couleur

Textes français et anglais

Prix: 20 euros

Des extraits de l’ouvrage sont en ligne sur

www.homnispheres.com

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