À l’occasion de la journée internationale des migrant·es, comme dans de nombreuses villes en France, à l’appel d’associations et de syndicats (RESF Vienne Roussillon, Attac, Ligue des Droits de l’Homme, Solidarité réfugié des 2 rives, Sud, l’œuvre porte, Terre solidaire, l’Asti, CGT Éduc) une cinquantaine de personnes se sont réunies pour marquer leur rejet de la loi Darmanin.
Gérald Darmanin l’a dit: sa loi immigration est «la plus ferme avec les moyens les plus durs de ces trente dernières années». Et devant le Sénat il a fixé l’enjeu: il s’agit de savoir dans quelle société nous voulons vivre.
C’est effectivement l’enjeu. Voulons-nous vivre dans une société raciste, sécuritaire et antisociale? Ou allons-nous nous battre pour défendre nos libertés, l’égalité et la solidarité?
Les immigré·es sont potentiellement des dangers et des profiteur·euses
Les modifications votées au Sénat dont la suppression de l’AME1 est devenue l’emblème durcissent encore le projet initial et étendent le champ des attaques. Elles illustrent, par leur brutalité même, la logique de déshumanisation raciste et l’ampleur de l’offensive sociale et politique ouvertes par le projet.
Car cette loi ne se contente pas de vouloir rendre «la vie impossible» pour les immigré·es et tout·es les étranger·es, harcelé·es par la police, emprisonné·es, expulsé·es·. Elle est justifiée à ré-pétition par l’idée, fondamentalement raciste, que les immigré·es, comprenez les Noir·es, les Arabes, les Asiatiques, les Musulman·es, avec ou sans papiers, né·es en France ou à l’étranger, seraient potentiellement des dangers et des profiteur·euses du système de protection sociale.
En retour, elle légitime une société fondée sur le développement des inégalités, la déshumanisation, le contrôle et la surveillance policière, la limitation des libertés et l’exploitation sans frein de tout·es les travailleur·euses.
Nous le répétons avec les collectifs de Sans-Papiers, ce sont les politiques racistes et anti-migratoires qui nous mettent en danger, pas l’immigration.
Nous le répétons avec les syndicats, ce sont les inégalités qui créent du dumping social, pas l’immigration.
Nous le répétons avec les associations du droit au logement, ce sont les politiques publiques du logement cher qui alimentent le sans-abrisme et la crise du logement, pas l’immigration.
Nous le répétons avec tout·es les professionnel·les de la santé, c’est l’absence de soins qui favorisera les prochaines épidémies, pas l’immigration.
Nous le répétons avec toutes les associations, ce sont toutes les attaques contre les libertés, dont la liberté de circuler, qui développent une société en tension, pas l’immigration.
Nous le répétons avec tou·tes les chercheur·euses, c’est la misère, l’atomisation et l’absence d’avenir qui créent la délinquance, pas l’immigration.
Nous ne laisserons pas passer cette loi scélérate
Nous allons multiplier actions et rassemblements. Et aujourd’hui 18 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des migrant·es, les associations de solidarité aux migrant·es manifestent dans toutes les villes du pays pour empêcher cette loi. Contre une société du racisme, des prisons, des barbelés et des centres de rétention. Pour la régularisation des sans-papiers. Pour une société de la liberté, l’égalité des droits, la justice sociale et la solidarité.
Les idées reçues ou les mensonges sur l’immigration
En cette journée internationale des migrant·es, en ce jour où se réunit la Commission Mixte Paritaire pour examiner la loi Asile Immigration, pour en finir avec les idées reçues ou les mensonges sur l’immigration nous rappelons que:
- L’immigration rapporte 5 milliards d’euros par an soit 0,25 % du PIB / an sur la période 2006-2018.
- La contribution nette des ménages immigrés aux finances publiques est supérieure à celle des autres ménages français entre 1979 et 2011 car ils sont davantage en âge de travailler. (77% contre 61% pour les «natifs».)
- Même si le taux de chômage est plus élevé chez les immigré·es, le total de leur cotisation fait plus que compenser les aides et pensions qu’iels perçoivent.
- Les immigré·es paient des impôts et des cotisations au même titre que les autres citoyen·nes.
- Toutes les études scientifiques concluent que l’AME ne constitue ni un appel d’air à l’immigration, ni un enjeu économique.
- Il est faux de dire qu’elle constitue une raison migratoire. La santé est un motif marginal pour émigrer, seulement 9,5%.2
- Pour des raisons économiques? Encore faux. Le coût de l’AME représente seulement 0,4% des dépenses de santé et par ailleurs sa suppression entraînerait des retards de diagnostics et in fine des soins bien plus coûteux.
- Un risque pour le système de santé? Toujours faux , au contraire l’AME permet de soigner en amont et en ville les problématiques de santé et de désengorger les hôpitaux.
- Le Grand remplacement? En 2011, le nombre d’arrivant·es en France pour 100.000 habitant·es était de 5! La France est le pays qui accueille le moins d’immigré·es en Europe (excepté la Slovaquie!)
L’immigration n’est pas un coût, elle est une chance!
- 23% des agent·s de propreté sont des immigré·es.
- 23% des aides à domiciles sont des immigré·es.
- 29% des médecins et personnels hospitaliers sont des immigré·es
- Savez-vous que les cuisinier·es de la brasserie Le Bourbon fréquentée par les sénateur/trices et les député·es sont des sans-papiers.
- Les chantiers des JO Paris 2024 comptent de nombreux sans papiers.
Et que dire de l’apport des migrant·es dans les arts,la musique, le cinéma, la langue, la gastronomie?
Réseau éducation sans frontières [3]
- L’aide médicale d’État est une aide sociale en France principalement destinée à prendre en charge les dépenses médicales des étranger·es en situation irrégulière sur le territoire français.
- «Enquête Premiers Pas 2019», une enquête sur l’accès aux soins des personnes étrangères sans titre de séjour: https://www.irdes.fr/recherche/enquetes/premiers-pas/questionnaires.html
- RESF, est un réseau composé de collectifs, de mouvements associatifs, de mouvements syndi-caux, de soutiens politiques et de personnes issues de la société civile militant contre l’éloignement d’enfants étrangers scolarisés en France, causé par l’éloignement de leurs parents étrangers en situation irrégulière. Le 20 décembre, après le Sénat, l’Assemblée nationale a adopté définitivement le projet de loi immigration avec 349 voix pour et 186 contre. A noter qu’un bonne partie du Rassemblement National a voté pour la loi.