Pour une agriculture solidaire. Résistance au plat du jour

de Raymond Gétaz, 14 févr. 2020

Communiqué de presse du mardi 11 février 2020

Les 7 et 8 février, c’est en souvenir des émeutes racistes contre des ouvrier-e-s agricoles marocain-e-s de février 2000 à El Ejido qu’ont eu lieu, au centre culturel Progr à Berne, les « Assises pour une agriculture solidaire – Résistance au plat du jour » . Plus de deux cent personnes y ont participé, parmi elles des représentant-e-s des ouvrier-e-s agricoles d’Andalousie, d’Italie du sud, de France et d’Autriche ainsi que des paysan-ne-s, des activistes des mouvements féministes et climatiques, des consommatrices/teurs critiques et de nombreux jeunes impliqués dans des projets d’agriculture solidaire. En cinq groupes de travail, les participant-e-s se sont confrontés aux différents aspects de la production alimentaire et ont échangés sur les moyens pour parvenir à plus de justice dans la filière alimentaire.

Les participant-e-s ont constaté que les conditions sociales dans l’agriculture sont caractérisées par une grande précarité pour des ouvrier-e-s agricoles ainsi que pour de nombreux paysans et paysannes à l’étranger comme en Suisse. De nombreuses interventions ont démontré la nécessité d’un changement radical, social et écologique de la politique agricole.

D’une part, il s’agit d’améliorer sensiblement les conditions de vie et de travail des ouvrier-e-s agricoles – souvent migrant-e-s. Les grands écarts entre les différents contrats-types cantonaux agricoles ne sont plus acceptables.

Par ailleurs, il faut accorder de suite aux paysannes qui sont souvent exposées à un cumul de charges les mêmes droits sociaux et économiques qu’aux paysans. En tant que “femmes de chefs d’exploitation”, 30'000 d’entre elles effectuent des travaux ménagers et de soins non rémunérés et sans assurances sociales. La couverture sociale des épouses d’agriculteurs devrait être une condition préalable à l’octroi de paiements directs.

Des pressions doivent être exercées en particulier sur les grands distributeurs. Ils ont une grande responsabilité par rapport à la misère sociale dans l’agriculture en Suisse et à l’étranger. Les supermarchés tels que Coop et Migros font pression sur les prix agricoles tout en augmentant leurs propres marges. Coop et Migros ont les marges les plus élevées en comparaison avec d’autres grands distributeurs en Europe. Sous la pression des prix, trois exploitations agricoles continuent de disparaître chaque jour en Suisse, et de nombreuses petites exploitations sont menacées dans leur existence.

Les projets d’agriculture solidaire qui font le lien entre consommatrices/teurs et productrices/teurs constituent une alternative dynamique à l’agriculture industrialisée. Ils sont un laboratoire important pour une autre économie et une autre convivialité. La diversité des projets et des visions est une opportunité d'inclure autant de personnes différentes que possible. À l'avenir, il sera important d'améliorer la mise en réseau des projets et d'intensifier les échanges avec les exploitations conventionnelles. La solidarité transfrontalière s’appuyant sur des formes alternatives de production et de distribution peut d’autre part contribuer à créer de dignes places de travail.

Photo: Céline Arnold

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