L’assassinat d’un jeune sans défense d’une balle dans le coeur tirée à bout portant par un policier dans l’une des nombreuses banlieues parisiennes marquées par la précarité, le manque de travail et d’espoir, a déclenché une série de nuits de révolte dans de nombreuses villes françaises. Tristesse et colère, haine de la police, de ce système profondément raciste où les un·es s’enrichissent et les autres subissent misère, stigmatisation, violences physiques et institutionnelles.
La vie de ces personnes ne vaut rien, alors on les tue rapidement ou lentement - d’autant plus facilement si elles ne sont pas blanches. Pour l’instant, la réponse de l’État est la suivante: renforcement de la police, nombreuses arrestations, menaces adressées aux parents des jeunes révolté·es et État d’urgence dans certaines grandes villes. Du côté de la justice, ce sont 990 personnes déférées devant les tribunaux, dont 380 incarcérées. Du jamais vu, même lors des émeutes de 2005. La rapidité avec laquelle les peines de prison ferme sont tombées laisse entrevoir une justice à deux vitesses, expéditive pour les moins fortunés, d’une lenteur accablante quand il s’agit de condamner des ministres pour des affaires de cor-ruption ou de viol, entre autres.
L’approche répressive et brutale des pouvoirs publics et de leurs représentant·es est devenue la norme en France. Il y a eu 12 morts suite à des «refus d’obtempérer» en 2022, Nahel est le 3e depuis le début de l’année, et la seule raison pour laquelle son meurtrier a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire, est que toute la scène a été filmée par une témoin. La colère noire face à cette brutalité inouïe n’est pas près de se calmer.
Constanze Warta, membre FCE – France