FRANCE / ANTINUCLÉAIRE: Lutte contre CIGEO à Bure...

de FCE, 12 oct. 2024, publié à Archipel 340

... appel à installations pour préparer la défense de la gare! Il y a 20 ans, une petite bande de militant·es anti-nuc devenaient les heureux/ses propriétaires de la parcelle de l’ancienne gare de Luméville, stratégiquement située sur le tracé de la future ligne ferroviaire «Castor», vouée à acheminer le matériel nécessaire au chantier, puis les déchets jusqu’au centre de stockage du projet CIGEO.

Depuis, «La Gare» est devenue l’un des cœurs battants du réseau anti-nuc radical français. Elle a accueilli des dizaines d’évènements militants et festifs: le festival Hippipest (2005-2007), le camp VMC (2015), les semaines anti-prison (2018-2020), le camp des Rayonnantes (2021), la première Fête des Barricades et le Rassemblement des Chorales Révolutionnaires (2022) ou encore les Bestiales (2024) pour n’en citer que quelques-uns.

Elle est aussi devenue un lieu de vie collective (à géométrie variable selon les années et les saisons), d’activités, et plus largement un espace d’expérimentation politique pour tous les habitant·es qui s’y sont succédé. Administrativement gérée par la très sérieuse association «Tomate», les décisions y sont prises horizontalement en assemblée par les habitant·es et visiteur·euses de la Gare. Elle constitue enfin une place forte pour ralentir la progression du projet CIGEO, fausse solution mobilisée par les pouvoirs publics pour justifier la relance du nucléaire annoncée en 2022.

Début septembre 2024, ce sont près de 200 personnes qui sont venu·es célébrer les 20 ans de La Gare sous le capricieux ciel meusien pour une deuxième édition de la Fête des Barricades. Le rassemblement fut l’occasion de se remémorer collectivement l’historique de la stratégie d’accaparement foncier menée par l’ANDRA1 (main dans la main avec les SAFER2 locales). Depuis son installation en 1999 (date de l’acquisition des 20 premiers hectares d’emprise du Labo-ratoire), l’ANDRA a progressivement acquis plus de 3000 ha, sur l’emprise du projet mais également dans les villages environnants. Cette première phase d’acquisitions dites «à l’amiable» a été conduite par le tristement célèbre Emmanuel Hance[3], à coup de manipulations, pressions, chantages et harcèlements. Depuis le décret «Opération d’Intérêt National» en 2021 et la «Déclaration d’Utilité Publique», l’ANDRA peut lancer la première vague de procédures d’expropriation sur les terrains qui lui manquent. En février 2024, 336 propriétaires ont ainsi reçu les dossiers d’expropriation leur proposant d’acheter ou d’échanger une partie de leurs terrains de surface ou de leurs sous-sols (pour faire de l’agriculture de pointe sur déchets toxiques!). Parmi les 569 parcelles concernées figurent l’ensemble du terrain de La Gare, et environ un tiers (3,4 ha) des parcelles maraîchères cultivées par le collectif des Semeuses. Il va sans dire que les propositions ont été aimablement déclinées!

En attendant la prononciation de l’ordonnance d’expropriation et le paiement des indemnités par l’ANDRA, notre présence sur ces terrains reste légale. Profitons de cette période pour renforcer nos liens, s’ancrer sur le territoire, et se préparer pour la suite (à savoir: la phase d’expulsion). Aux différentes étapes des procédures d’expropriation puis d’expulsion, tous les recours juridiques qui pourront être déposés le seront. Pour soutenir ces actions, on vous invite chaleureusement à nous soutenir financièrement via la cagnotte de Cacendr[4].

Depuis leurs territoires respectifs, les participant·es ont également été encouragé·es à créer / réactiver les comités locaux de soutien chez elleux, pour partager l’actualité de la lutte, sensibiliser, et mobiliser largement et rapidement le moment voulu. Pour rappel, l’onglet «Boite à outils» du site https://bureburebure.info/ regorge de ressources pour animer vos soirées et alimenter vos infokiosques.

Parallèlement, pour lutter contre la désertification du territoire organisée par l’ANDRA, il est plus important que jamais de multiplier les installations à plusieurs échelles, pour inscrire la lutte dans le temps et l’ancrer.

Des installations aussi nombreuses que possible à la Gare tout d’abord, où les conditions de vie se sont déjà bien améliorées suite aux différents travaux et chantiers (isolation, nouvelle cuisine, etc.). En plus des deux dortoirs (dortoir MINT5 et dortoir mixte), le terrain offre de nombreux espaces pour accueillir différents types d’habitats, de la tente à la caravane en passant par tout type de cabanes. Un projet de remise en culture du jardin de La Gare est également dans les cartons.

Des installations dans les autres lieux de vie collectifs sur zone (Maison de la Résistance, Affranchie notamment), ainsi que dans les nombreuses colocs dispersées dans les villages alentour sont aussi bienvenues.

Comme alternative à la nucléarisation du territoire portée par l’ANDRA, les militant·es contri-buent avec les gens du coin à réanimer les campagnes meusiennes en cultivant les terres, en faisant perdurer la tradition des affouages collectifs, en organisant des cantines et des marchés locaux, en reprenant des boulangeries et des cafés villageois. Les bâtons dans les roues qu’iels rencontrent dans leurs démarches d’installation6 ne font que renforcer leur détermination!

Si tu es déjà dans le coin (bravo), tu es convié·e à venir fréquenter aussi souvent que possible les lieux de vie et de lutte, en participant par exemple:

  • Aux assemblées d’habitant·es hebdomadaires, aux assemblées de défense, et aux chantiers collectifs qui auront lieu chaque mercredi à la Gare.
  • Aux chantiers hebdomadaires dans les champs des Semeuses tous les jeudis après-midi, suivis du marché et d’un passage à la cantine et au bar de l’Augustine.
  • Aux soirées organisées par le café villageois des 3 Vallées à Treveray chaque vendredi soir. Si tu es encore ailleurs (ça arrive à des gens très bien), on a trouvé plein de prétextes pour te faire revenir:
  • Pour participer aux différents chantiers collectifs annoncés les prochains mois: réfection du toit de l’Affranchie en septembre ; Chantier de la Mat-Mout (collectif de mutualisation de matériel) en novembre; chantier de rénovation d’une nouvelle pièce à la Maison de la Résistance en décembre; plusieurs chantiers affouages, avec formations à la sylviculture douce manuelle et motorisée (et sans doute quelques formations en mixité choisie sans homme cisgenre) entre décembre et mars.

  • À partir du mois de mars 2025 démarre l’expérimentation collective inédite intitulée «Trois semaines à La Gare»: l’idée est de proposer des «résidences» de trois semaines à la gare à des collectifs, avec une semaine de tuilage avec le groupe précédent et une semaine de tuilage avec le groupe suivant afin de favoriser les rencontres entre groupes. Une expérimentation politique et sociale à ne pas manquer!

Pour clore en beauté la deuxième fête des barricades, annonce le 11 septembre d’un nouveau désaveu de la procédure pour «association de malfaiteur.euses»: confirmation par la Cour de Cassation des relaxes des trois derniers militant·es qui restaient sous le coup d’une condamnation en appel, pour «participation sans arme à un attroupement après sommation». À bientôt en Meuse! Pour suivre l’actualité de la lutte, on vous invite à consulter régulièrement le site https://bureburebure.info/ ainsi que le fil Telegram «BURE à cuire!»

El

  1. Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs en France.
  2. Société d’aménagement foncier et d’établissement rural, dont la mission est de permettre à tout·e porteur·euse de projet viable – qu’il soit agricole, artisanal, de service, résidentiel ou environnemental – de s’installer en milieu rural.
  3. En 2017, lors d’un blocage de la progression des machines et vigiles de l’ANDRA, M. Hance avait arrosé d’essence la barricade sur laquelle les opposant·es étaient agrippé·es.
  4. https://www.helloasso.com/associations/cacendr/collectes/appel-a-dons.
  5. Meuf, Intersexes, Non-binaires, Trans.
  6. Voir l’exemple décrit dans cet article: https://lessemeuses.noblogs.org/post/2023/08/26/bure-prise-de-territoire-et-abus-de-pouvoir/

Dans la série d’émissions «Le nucléaire et son monde», Radio Zinzine propose une série de podcasts consacrés à la lutte de Bure.

Corinne François: comment tout a commencé

Premier d’une série de podcasts réalisés à Bure, dans l’Est de la France où l’industrie nucléaire projette d’ensevelir les déchets qu’elle a produits au fond d’un immense trou… Je suis parti dans la Meuse rencontrer les nombreuses personnes qui participent à la lutte contre l’installation d’un site d’entreposage géologique profond des déchets nucléaires, plus connu sous le nom de CIGEO. Corinne François est l’une de ces personnes qui a pris conscience dès le début que ce projet n’allait pas. C’est une des historiques de la lutte et elle a beaucoup de choses à raconter. http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=9344

Expertise citoyenne

Deuxième volet: pour lutter contre le projet Cigeo d’enfouissement des déchets nucléaires, il a fallu énormément d’expertise pour lire les dossiers, questionner les communications de l’Andra, vérifier les chiffres... Ce sont des citoyennes et des citoyens qui ont fait ce travail. http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=9413

Marie Béduneau, histoire d’une conférence gesticulée

Troisième volet d’une série de podcasts réalisés à Bure, pour en parler, Marie Béduneau a écrit et joué une conférence gesticulée sur Cigeo qui s’appelle «Auto-Stop Bure». http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=9484

La répression

Quatrième et dernier volet d’une série de podcasts réalisés à Bure. Face au projet Cigeo, la résistance s’organise. Mais, quand on lutte contre un projet d’enfouissement de déchets nucléaires, on ne lutte pas contre un projet industriel comme les autres. On lutte contre l’État et sa puissance. Angélique Huguin en fait les frais et nous raconte la machine incroyable pour ne pas dire ubuesque qui est mise en œuvre pour réduire la lutte au silence. http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=9544