Plusieurs milliers de citoyen-ne-s européen-ne-s ont mandaté le Forum Civique Européen (FCE) pour qu’il exprime à la 92ème Conférence de l’OIT leur préoccupation face à l’exploitation des migrant-e-s dans l’agriculture industrielle européenne.
La Conférence laisse un petit espace aux ONG pour s’exprimer et il nous a paru important de rendre attentive cette institution aux conditions de travail scandaleuses auxquelles sont exposés les travailleurs migrants dans la production de la plus grande partie des fruits et légumes d’Europe. Dans la Commission des migrants, qui regroupe des représentants des Etats, des entrepreneurs et des travailleurs, j’ai pu décrire brièvement trois régions européennes, que le FCE connaît par son activité, et qui sont symboliques des développements dans l’agriculture industrielle: les conditions de vie et de travail inacceptables à El Ejido, dans le sud de l’Espagne, couvertes par un racisme institutionnel; l’embauche structurelle depuis plus de 30 ans de près de 20% de sans-papiers aux Pays-Bas dans la production de fleurs et légumes; et le statut saisonnier inhumain des contrats OMI (Office des Migrations Internationales) dans le sud de la France.
Le président de séance n’a pas apprécié que je cite ces pays et m’a coupé la parole avec cette remarque:«Monsieur, vous êtes trop précis» . La suite de notre intervention et les propositions pour une commission d’enquête de l’OIT sur les conditions de vie et de travail dans l’agriculture industrielle des pays de l’OCDE sont passés à la trappe. De nombreux délégués ont été choqués par cette censure et m’ont contacté par la suite pour avoir plus d’informations.