DOSSIER SEMENCES:Le début des haricots

de Nicholas Bell (Radio Zinzine), 19 mai 2011, publié à Archipel 192

En décembre, lors de la première réunion de préparation des Journées internationales sur les semences qui ont lieu à Bruxelles en avril, nous avons rencontré plusieurs membres de l’association «Le début des haricots» qui sont désormais parmi les membres les plus actifs du comité préparatoire belge. Eric Pauporté est un autre pilier de cette coordination. Il participe à une initiative passionnante, «Le jardin de la Fraternité ouvrière». Dans ce numéro d’avril, nous avons donc choisi de présenter ces deux projets.

«Le Début des Haricots (DDH) a démarré en 2005, c’était une bande de potes qui avaient étudié l’agronomie à Ath en Wallonie et qui se sont dit qu’il fallait faire quelque chose par rapport au désastre de l’alimentation, à la perte de sens en milieu urbain. Le projet a commencé avec trois groupes d’achat solidaire en région bruxelloise qui se fournissent chez un maraîcher. Mais notre but était aussi de produire nous-mêmes sur place à Bruxelles.»

Depuis, le DDH a développé cinq activités principales:

Les GASAP (Groupement d’Achat Solidaire de l’Agriculture Paysanne), on en compte actuellement 38 à Bruxelles: «La demande est très grande et il y a une liste d’attente de 500 ménages.»
Un jardin potager de presque un hectare mené par quatre chômeurs avec l’aide d’un formateur. Des paniers de légumes sont livrés par un âne qui travaille aussi le sol. «Nous produisons des légumes que des gens mangent à 500 mètres de là. C’est un peu mon moteur, de lutter pour un autre monde, tout en prenant plaisir.»
Un volet pédagogique: «Il y a un projet qui s’appelle le ‘jardin des couleurs’ où il s’agit de l’accompagnement à long terme de classes d’enfants dans l’idée de découvrir son alimentation par la création d’un potager au sein de l’école, de comprendre ce qu’est l’agriculture paysanne.»
Des jardins collectifs, dont cinq sont actuellement menés par le DDH, avec encore une vingtaine d’autres qui ont suivi cet exemple: «Ils sont organisés collectivement au niveau des plantations et des récoltes et les gens apprennent à les gérer selon leurs besoins. Nous faisons l’intermédiaire entre le collectif et le propriétaire, soit privé soit public, et nous apportons des conseils techniques. C’est une grande différence, cette appartenance collective, par rapport aux jardins individuels, ça donne de la force et c’est beaucoup plus difficile pour un propriétaire d’essayer de virer des gens qui sont organisés.»
La transformation des légumes et surtout la fourniture de repas pour des fêtes, des festivals ou des conférences: «Cette cuisine pour moi, c’est une sorte de diffusion moléculaire de notre utopie, on transforme les légumes que nous avons produits de manière bio-dynamique. C’est une forme d’homéopathie et ça fait tendre les gens vers cette utopie très séduisante.»
La région de Bruxelles s’est déclarée non OGM et a annoncé qu’elle veut soutenir le développement de fermes biologiques. Il y a environ 500 ha de terres en zone verte qui ne peuvent pas être urbanisées. Donc beaucoup de place pour de nouveaux jardins. «Les gens se sensibilisent, les mentalités évoluent, et même si ce n’est pas la grande révolution, et les supermarchés n’ont pas encore fait faillite, beaucoup de gens en parlent.»
Pour nos amis de DDH, aborder la thématique des semences est une suite logique: «dans le mouvement des GASAP on parle toujours de circuits courts mais on pense presque uniquement à la chaîne de distribution entre le producteur et le consommateur alors qu’il y a toute une chaîne avant le producteur qu’on pourrait contourner parce que l’accumulation de capital dans quelques grandes multinationales semencières est quelque chose dont on n’a pas du tout besoin. C’est un débat fondamental: la terre, l’eau et les semences, nous devons aborder ces trois éléments dans les GASAP. Si l’on fait de l’agriculture urbaine c’est aussi pour rendre l’agriculture plus concrète dans l’esprit des citadins qui pensent parfois que les carottes poussent dans des boîtes de conserve et que les semences sont des produits qu’on doit d’office acheter dans un magasin, mais en fait on peut les faire nous-mêmes dans nos jardins.»
Nicholas Bell*
Radio Zinzine

* Article écrit avec à partir d'extraits de l’émission «Le début des haricots» réalisée pour Radio Zinzine, avec Laurence, Olivier, Thomas et Maarten du DDH.

Pour plus d’information:
http://www.haricots.org/ et http://www.gasap.be/