SUISSE / HAUT-PARLEUR: Education pour toutes et tous - maintenant!

de Stéphanie Nagy et Sophie Guignard, Sosf, Berne, 13 juil. 2021, publié à Archipel 305

Il est urgent de faciliter l'accès à l'éducation pour toutes et tous. Il s'agit d'une question d'égalité ‒ c'est pour cela que nous nous battons.

En Suisse, il est possible de faire un apprentissage, d'y être doué·e, de s'y épanouir et de devoir, du jour au lendemain, l'interrompre. La deuxième chambre du parlement a refusé une motion qui proposait aux jeunes requérant·es débouté·es d'au moins pouvoir terminer leur formation, si le refus d'asile intervient dans les six derniers mois de l'apprentissage. L'accès à la formation, quand bien même selon des conditions très strictes, a été refusé par une majorité de droite qui semble hors de toute réalité.

Dans beaucoup d'écoles en Suisse, les tests de niveaux des élèves primo arrivant·es ne sont pas traduits dans la langue d'origine. Les compétences sont alors jugées à la baisse, puisqu'une non compréhension des consignes ne permet pas de réaliser correctement les exercices demandés.

En Suisse, les enfants de requérant·es d'asile vivant dans des centres de procédure ne sont pas tou·tes scolarisé·es dans les écoles des communes environnantes. L'accès à l'éducation se matérialise par trois jours d'école en moyenne par semaine, bien moins que pour les élèves suisses. Elèves suisses que les enfants de requérant·es ne peuvent fréquenter, puisque leur vie est censée se dérouler au centre, et pas ailleurs.

Ainsi, une série de lois, dispositions, ordonnances toutes plus absurdes et iniques les unes que les autres empêchent l'accès au droit fondamental qu'est l'éducation. Il en va de même pour les adultes. Il s'agit souvent de permettre aux étranger·es de s'intégrer le plus rapidement possible; c'est-à-dire accéder au marché du travail, et non de se former et de s'épanouir dans un domaine de leur choix, là où sont leurs compétences et leurs intérêts.

C'est contre ce triste constat que la campagne Education pour toutes et tous maintenant! entend lutter. Lancée en octobre 2020, la campagne s'articule autour d'une pétition, qui pose six revendications simples, mais pourtant encore non réalisées. La pétition format papier accompagne le présent numéro d'Archipel et peut aussi se signer en ligne ici sur <www.education-maintenant.ch/petition> ou imprimé ici.

Les revendications de la pétition seront déposées en septembre 2021 au Parlement fédéral. Pa-rallèlement, un intense travail de lobbyisme est en cours. Sans surprises, c'est le camp bourgeois qui est le plus difficile à convaincre. Pour elleux, si les personnes n'ont pas vocation à rester en Suisse, il n'est pas nécessaire qu'elles puissent se former. Ce qui est important, c'est le marché du travail. Alors évidemment, de la main d'œuvre peu formée et bon marché, c'est une aubaine. Pour celles et ceux qui se revendiquent si souvent du bon sens et de celui des réalités, c'est un bien mauvais calcul. La Suisse est un pays au taux de chômage relativement bas, il est de plus fortement structurel, c'est l'inadéquation entre les compétences et les postes de travail disponible qui fait souvent défaut. La Suisse a besoin de main d'œuvre qualifiée; l'accès à l'éducation pour tout le monde, pour qui laisse quelques instants ses préjugés de côté, est une solution plus que pragmatique. Nous savons aussi que les inégalités sociales ont un coût, économique, social et politique. Que chacun·e puisse se former selon ses besoins et ses envies, le pays ne s'en portera que mieux!

Pandémie et restrictions sanitaires obligent, la récolte des signatures dans la rue s'est révélée difficile. C'est pourquoi nous vous invitons à suivre et faire parler de notre campagne sur les réseaux sociaux.

Vous trouverez sur notre site internet de quoi faire. Si vous partagez la conviction que l'éducation est un droit fondamental, nous serons ravi·es de vous compter parmi nos allié·es!

Stephanie Nagy et Sophie Guignard, Solidarité sans frontières, Berne