Lors d'un voyage de délégation en Croatie et en Bosnie en 2019, nous avons fait connaissance avec di-verses initiatives intéressantes qui s'engagent auprès des réfugié·es. L'une d'entre elles est le Center for Peace Studies (CPS) dans la capitale croate, Zagreb. Archipel a demandé à Maddalena Avon pourquoi elle travaille dans ce centre.
Pourquoi as-tu sacrifié une carrière potentielle pour t’engager auprès des réfugié·es?
Je considère mon choix de vie en tant que militante comme un acte de résistance nécessaire, et non comme un sacrifice. Je suis venue en Croatie depuis l'Italie en 2015 pour un échange universitaire, alors que beaucoup de gens fuyaient par la route des Balkans, alors je les ai immédiatement défendus. Puis, très vite, j'ai entendu parler du travail du CPS. J'ai senti que ce pouvait être l'endroit où je pourrais vivre au quotidien mon engagement et ma passion pour une lutte commune contre le régime frontalier de l'UE et pour le respect des droits humains.
Peux-tu présenter brièvement l'organisation pour laquelle tu travailles?
Le CPS travaille sur des questions telles que la lutte contre les inégalités, la discrimination et les préjugés, qui s'efforce de développer des programmes visant à protéger les droits humains des groupes vulnérables, et qui prône la non-violence, notamment à travers le programme d'études sur la paix, auquel je participe cette année. Le CPS est une organisation non gouvernementale et à but non lucratif qui promeut la non-violence et le changement social par l'éducation, la politique publique, la recherche et l'activisme. L'initiative s'est développée à partir de diverses formes de travail de paix en Slavonie occidentale et a été officiellement enregistrée à Zagreb en 1997.
Quelle est ton implication?
Je suis actuellement membre du programme Asile, intégration et sécurité humaine. Ce que j'aime le plus dans mon travail, c'est la possibilité de travailler sur des questions différentes, mais très liées entre elles – de l'intégration à l'accès à l'asile, en passant par la discrimination et le suivi des violations des droits humains. L'utilisation de différentes méthodes est également géniale: une approche commune et transfrontalière par le biais de l'action directe, de la recherche et de l'action juridique – je pense que c'est la clé pour pouvoir avoir un impact global sur les choses que nous voulons changer.
Qui sont les personnes que tu aides?
Des personnes qui se battent pour une vie meilleure et cherchent la sécurité. Tant celleux qui fuient que celleux qui sont enfin en sécurité dans un pays européen ont du mal à commencer une nouvelle vie. Je dirais que notre approche n'est pas axée sur l'aide, mais sur un acte de soutien et d'orientation qui donne du pouvoir. Nous considérons les réfugié·es avec lesquel·les nous travaillons comme des ami·es, des collègues, des personnes qui partagent les mêmes idées, et travailler sur ces questions est bien plus qu'un simple projet, c'est une expérience à long terme et qui change la vie des deux côtés pour toutes les personnes concernées.
De quoi as-tu besoin pour ton travail, que te manque-t-il?
Le soutien de celleux qui devraient normalement aussi travailler pour le bien commun, c'est-à-dire les institutions publiques. Mais parce que ce soutien fait défaut, la solidarité dans les communautés locales devient également très discrète. Je pense qu'elle est toujours là, mais les gens craignent d'être critiqués dès qu’ils font preuve de solidarité et agissent contre la politique migratoire de l'UE.
Entretien réalisé par Johannes Dahmke, membre du FCE - France
Plus d'informations: Centar za mirovne studije//Centre d'études sur la paix <www.cms.hr>