En Europe comme en Suisse, les politiques agricoles proposées pour les années à venir s’avèrent catastrophiques pour les petites exploitations agricoles. A Bruxelles et à Berne l’agriculture est réduite à quelques chiffres «économiques» qui ne prennent pas en compte toute la dimension sociale, culturelle et environnementale des structures agricoles traditionnelles d’Europe. Le modèle californien d’une agriculture industrialisée à outrance est imposé et présenté comme la seule option possible pour le maintien de l’agriculture en Europe.
La Confédération veut que la taille moyenne d’une ferme en Suisse passe de 20 à 40 hectares. Cela signifie la disparition de plus de 32.000 fermes. Où iront ces 32.000 familles? Quel sera leur sort? Il y aura peut-être pour certaines d’entre elles de nouveaux emplois, des emplois précaires dans des exploitations agricoles de plus en plus grandes qui, en saison, auront besoin d’ouvrières et d’ouvriers bon marché.
La libéralisation mondiale de l’économie arrache des millions de femmes et d’hommes à leur terre et les pousse à la migration. Leurs sols servant auparavant à leur fournir leurs moyens de subsistance sont captés pour des cultures industrielles de rendement imposées par les institutions internationales et l’agroalimentaire.
Une petite fraction de ces déracinés parvient, dans sa recherche de moyens d’existence, dans les pays industrialisés, parfois au moyen de barques périlleuses. Mesures de dissuasion et restrictions à la circulation confinent ces personnes dans l’illégalité et en font une main-d’œuvre facilement exploitable pour des pans entiers de l’économie. L’agriculture d’El Ejido en Andalousie n’en est que l’exemple le plus voyant.
Un jour il faut avoir le courage de dire non et s’opposer à toute cette course insensée à une rentabilité éphémère et tendre la main aux victimes de cette même folie dans d’autres pays. Ce sont les mêmes politiques d’exclusion qui vident les fermes ici et fabriquent ailleurs des émigrés, des réfugiés et des paysans sans terre.
Nous pouvons agir sur deux axes au moins contre ce fléau: revendiquer premièrement l’égalité de droit de toutes et de tous et exiger en deuxième lieu que les petites unités diversifiées en agriculture soient maintenues et que la production alimentaire reprenne au sein de la société la place qu’elle mérite.
La coopérative Longo maï a lancé avant l’été une pétition «Halte à l’exode rural» contre la politique agricole 2008-2011 (PA 2011). Uniterre, un syndicat paysan de suisse romande, ainsi que d’autres organisations soutiennent cette pétition. Plus de 20.000 signatures sont déjà rentrées mais la collecte continue au moins jusqu’à la fin de l’année. Elle peut être téléchargée sur le site:<www.halte-exode-rural.org> ou commandée à Longo maï, le Montois, CH-2863 Undervelier